mardi 18 octobre 2011

Des publicités citoyennes à poil ou plutôt au poil !




La nudité comme argument de promotion. Cela ne prend pas. Enfin. Vite dit. Cette pub pleine de beaux gosses à moitié dénudés pour inciter les jeunes filles à aller dans les centres de dépistage compte déjà plusieurs centaines de milliers de vues. Partant du principe qu'un bel ephèbe à plus de chance d'être entendu par les femmes qu'un banal médecin de ville tout aussi savant soit-il, l'association Rethink Breast Cancer n'y est pas allé par quatre chemins. Elle a pris quatre Apollons, plus musclés les uns que les autres pour rappeler les précautions de base et informer ces dames de la sortie d' une nouvelle application i-phone. Créé en 2001, cet organisme basé à Toronto qui s’est donné pour mission d’innover en terme de communication sur le cancer a fait le pari de jouer sur l'humour et le glamour. Et  cela marche. Un gros buzz et une avalanche de téléchargements. Quand les abdos sont aussi béton que les arguments, on y prête attention.





La publicité citoyenne joue de plus en plus sur les campagnes sensuelles. En Août 2010, Greenpeace, leader dans la protection de l'environnement, avait rencontré un franc succès en misant sur le striptease. Pour dénoncer les dangers d'une déforestation à outrance, les militants écologistes n'avaient pas trouvé mieux que de mettre en scène un effeuillage en bonne et due forme. Et cette fois-ci, pas de discrimination. Une belle blonde pour les garçons et un beau brun pour ces dames. Peu de bla-bla mais un message humoristique et fort... A se poiler. Même pour ceux qui sont durs de la feuille. Avec à la clef, là aussi, une grosse fréquentation sur les sites de partage en ligne. 



Quand on vise un public jeune, le second degré et l'humour potache passent aisément. De nombreuses causes qui optent pour la communication virale font aujourd'hui appel au sexe.  En misant sur le coté voyeur ou l'épate-bourgeois. Rares sont ceux qui reculent devant une once de scandale, synonyme de buzz et de notoriété rapide. A tel point que même certaines administrations réputées pour leur caractère austère y ont recours. Pas plus tard que le mois dernier, le très sérieux bureau central des statistiques hongrois a imaginé une campagne un peu folle pour informer la population sur l'organisation d'un recensement au mois d'octobre. Pour donner un coup de fouet au lancement de cette opération importante, elle a posté une vidéo plutôt osée sur le web. Avec un message, "si vous ne pouvez pas répondre à nos agents, remplissez nos formulaires en ligne. " Un spot plutôt décalé et inattendu de la part d'un organisme public puisqu'on y voit une jeune femme pas top mais topless, simplement vêtue d'une culotte en dentelle qui semble a avoir bien d'autres chats à fouetter que de remplir des questionnaires. Les officiels hongrois avaient visiblement décidé de frapper un grand coup. Il faut dire que le gouvernement très nationaliste qui a très mal vécu de passer sous la barre symbolique des 10 millions d'habitants cherche par tous les moyens à gonfler ses chiffres. Quitte à prendre en compte les étrangers résidents depuis trois mois et à faire une intense campagne d'information auprès des populations roms. 
Quoi de mieux qu'un clip sexy sur la toile qui permet de contourner le coût prohibitif des habituelles campagnes télévisées. Un spot culotté et un bon bouche-à-oreille ciblé, sur la toile, peuvent s'avérer de très bons vecteurs de sensibilisation lorsqu'on vise certains publics, jeunes, mobiles ou connectés.




Ce démarchage, et cette démarche ne valent cependant pas pour toute les causes. Une jeune fille ambitieuse en manque de notoriété vient d'en faire la cruelle expérience. Katarzyna Lenart, une militante de 23 ans, membre du parti social démocrate polonais, a ainsi lancé il y a trois semaines une vidéo plutôt "olé-olé" pour se faire connaître. Un strip tease presque complet. Un poil trop osé pour son parti qui lui a fait remarquer qu'il ne fallait pas confondre transparence et légèreté. Il faut dire qu'on y voyait la candidate aux législatives faire un numéro sensuel digne de Kim Bassinger. Et arrivé au moment crucial d'enlever le soutien gorge, surprise. Juste un  panneau "censuré" et un slogan "Tu en veux plus? Vote pour le SLD. Nous sommes les seuls à pouvoir donner plus". Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour éviter la débandade de son pays...
L'impétrante, étudiante en sciences-politiques, a beau avoir laissé entrevoir de sacrés arguments, son parti n'a pas vu d'un bon oeil un pareil racolage. "On ne dévoile pas son programme de la sorte", lui a-t-on fait comprendre. "Chaque candidat a le droit de préparer son matériel de campagne, mais il y a des limites", lui a fait remarquer, Tomasz Kalita, le porte-parole du parti social-démocrate. Katarzyna Lenart, candidate à Lublin, dans l'est de la Pologne, a expliqué qu'elle a voulu "attirer l'attention des médias pour son programme". "J'ai décidé de choquer. Il n'y a rien de vulgaire dans ma vidéo. J'ai misé sur mon corps car ma campagne est destinée aux jeunes", a-t-elle déclaré à la Gazeta. Mais pas de chance, pour quelques temps encore, si en politique, il y a des coups bas, on s'abstient souvent de taper sous la ceinture. Inutile donc de se sacrifier et d'enlever son soutien gorge pour gagner des soutiens. En Pologne, terre catholique, tous les saints ne font pas recette. 

 

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