dimanche 30 décembre 2012

Qu'importe les flocons pourvu qu'on ait l'ivresse




Ils sont hexagonaux, carrés, ronds... Transparents, translucides. Mystérieux. Les flocons d'Andrew Osokin fascinent. Au début,  seuls les skieurs et les météorologues en parlaient. Mais depuis peu ses cristaux font boules de neige. Et les amateurs de photos se les envoient et se les renvoient sur le net.


"Snow" devant ! Le Moscovite est fou d' objectifs macros. Sur son compte flicker, on ne compte plus les gros plans d'insectes, de goutes, d'eau, de fleurs ou de feuilles. Mais émerveillé depuis sa plus tendre enfance par les beautés de l'hiver, les grandes étendues blanches, la lumière douce des fins de journées sibériennes, il a développé une passion pour les flocons de neige qu'il saisit posés sur le sol sous tous les angles avec ses deux Nikon D80 et D90. Deux boitiers aux capteurs très fins qu'il utilise avec des objectifs Nikkor 60 mn ou 90 mn parfaits pour réaliser des clichés de très près...



Comme Johannes Kepler ou René Descartes avant lui, Andrew Osokin peut passer des heures à regarder les formes géométriques des flocons qui virevoltent au vent. Les scientifiques ont répertorié près de 80 types de cristaux. Plats, étoilés, en colonnes... De loin, la plupart sont hexagonaux ou présentent des forment similaires, mais lorsqu'on y regarde de près comme nos empreintes digitales, au microscope, ils sont tous différents, aucun ne se ressemblent. 


Leur forme varient en fonction de l'humidité, de la température, du vent voire des champs électriques que les cristaux rencontrent entre le moment où se créent dans l'atmosphère et leur contact au sol. Ils naissent en altitude. Quand il fait froid, les molécules d'eau contenues dans les nuages gèlent autour de minuscules particules de poussières et donnent naissance à un cristal. Les premières constituent des noyaux sur lesquels viendront s'agréger les autres molécules d'eau en suspens. Et ce sont ces milliers de cristaux collés les uns aux autres qui forment un flocon. 



Leur apparence change en fonction de la température. Pour faire simple, entre 0 et - 3° Celsius, les cristaux s'agglutinent en fines plaques aplaties. Entre - 3° et - 10°, ils ressemblent à des aiguilles. Entre - 10 ° et - 22 °, ils prennent la forme d'étoiles et passé - 22 ° C, ils se présentent sous forme de colonnes.



Le premier a les avoir photographier est un fermier américain, Wilson Bentley en 1855. N'ayant pas froid aux yeux, il en a photographié près de 5000 avec un antique boitier en bois et il a eu la stupéfaction de n'en trouver aucun de d'identique.


Un phénomène magique qui s'explique par une bonne et unique raison. Il faut des milliards de molécules d'eau pour former un seul flocon. Sachant qu'elles se collent à chaque fois de manière différente et qu'en l'air ballottés par le vent et les mouvements des nuages, les cristaux s'associent  de façon aléatoire, le nombre de variations possibles est incommensurable. 


Les fondus de nivologie vous le diront, les différences de formes sont conditionnées par la température et l'humidité. Entre 0 et -3°, les cotés poussent plus vite que la hauteur, les cristaux s'étalent et ressemblent à des plaques. Entre -3 et - 10°, ce phénomène s'inverse, la hauteur croit plus vite que la largeur ce qui donne des tubes. Après tout est question d'humidité, si la teneur en vapeur d'eau est importante dans l'air, plus il y a de molécules d'eau potentielles pour constituer les branches des flocons.

   

Autant paramètres auxquels il faut ajouter la collision avec le sol  et sa chaleur. Sans oublier le vent qui peut briser les arrêtes des cristaux. La neige n'est pas un matériau inerte, elle ne cesse de se transformer sous l'action de son propre poids qui la tasse et des variations de température entre le jour et la nuit. Chaque flocon est à différent et c'est ce qui fait son charme. Sa beauté est unique et éphémère. Un bonheur pour celui qui sait l'observer. Une apparition magique qui pour peu que le sol soit chaud ou qu'une main s'en saisisse ne durera que quelques secondes.


L'étude de la neige relève de la science. Sa connaissance de l'art. Un savoir qui peut être précieux et qui peut sauver des vies. En montagne, les pisteurs secouristes redoutent le vent qui brise les cristaux. Pas forcément pour des raisons esthétiques. Sans branche, les flocons se transforment alors à des billes prêtes à rouler les unes sur les autres. Si il n'y a pas  de redoux et de phénomène de fonte pour souder les couches de neige entre elles, les plaques supérieures manquant de cohésion peuvent à tout moment se casser sous le poids des skieurs et se mettre à glisser emportant les malheureux. Beaux et redoutables à la fois, les flocons intriguent et hypnotisent ceux qui les étudient en espérant percer leurs mystères. Une vie n'y suffit pas.


Lorsqu'en janvier 1855, Bentley,"le snowflake man", a photographié pour la première fois des cristaux, il a noté ses  impressions. "Sous le microscope, j'ai découvert que les flocons étaient d'une beauté miraculaire. Et cela serait dommage que toute cette splendeur ne soit pas appréciée par d'autres. Chaque  flocon est un joyau, un chef d'oeuvre unique. Un dessin qui ne se reproduira plus. Et quand il se mêle aux autres, il disparaît pour toujours. Sa beauté éphémère s'évapore quand il fond, s'envole et si on ne le fixe pas par l'image, sa trace s'efface à jamais. " Plus de 160 ans plus tard, sur un tout autre continent, un jeune photographe russe prolonge aujourd'hui  son travail. Sans peut-être même le savoir. 


Plus d'un siècle et demi sépare les deux hommes. Le matériel n'est plus le même, le premier employait un microscope, l'autre des objectifs photos modernes, l'un se voulait scientifique, quand le second revendique une approche plus graphique si ce n'est esthétique. Mais les deux artistes ont le même désir de révéler ces beautés méconnues des passants qui ne prennent pas le temps d'observer les perles que la nature leur propose. La même envie de faire découvrir ces merveilles éphémères et de partager avec le plus grand nombre leur émotion devant tant de beautés. C'est pourquoi leur démarche est captivante et réchauffe le coeur. 











samedi 15 décembre 2012

Must sea : la beauté des grands fonds en vidéo






















"Must sea", une vidéo à voir.  Une petite création sur  la beauté des océans. L'ambiance et les émotions des grands fonds. Un condensé merveilles de la mer en trois minutes... Des souvenirs d' été avec des images prises en Egypte, en Espagne ou en France. Un montage maison avec Final Cut Pro X. Un clip sur "The sea is calm", un titre envoutant de Coco Rosie. Pour une fois, les petits poids sont pas rouges ou verts mais multicolores.



Le monde du silence est télégénique. Une vague de vidéos marines inonde le web.  Une des plus réussies montre la force des rouleaux, la puissance de la houle. Un spectacle grandiose filmé en HD avec ce qui se fait de mieux en termes de caméras, la Phantom Gold qui peut saisir mille images par seconde. Les gouttes montées en gros plan en ralenti. Sous tous les angles. De quoi combler les amoureux de la grande bleue... Les surfeurs et autres kite-surfeurs qui glissent jusqu'à plus soif. Brillant. Plutôt Chris Bryan, au sommet de son art. 



Coté plongeur, du moins apnéistes, la vidéo de référence est Free fall, un film culte où l'on voit Guillaume Nery plonger sans fin vers les abysses aux Bahamas. Suivi comme un base jumper prêt à sauter du haut d'un immeuble, on voit le champion s'enfoncer sans un geste vers les profondeurs, le grand bleu. Le recordman du monde, capable de rester sans reprendre sa respiration, plus de 7 minutes descend sans faire un mouvement dans les entrailles du gouffre Dean Blue Hole. Une séquence petite fiction tournée au 5 D mark II par Julie Gautier. A couper le souffle. 13 millions de vues. Une création qui mérite la palme d'or.



En ce mois de décembre 2012, une autre vidéo de Guillaume Nery fait le buzz. "Abysse", un film tourné près de Nice par Maxime Bruneel pour Amnesty International. Une campagne imaginée par l'agence La chose. Un homme les mains attachés dans le dos coule. Il s'enfonce. Seul. Oublié. Une dizaine de personnes inconnues alors qu'il perd espoir, dénoue la corde et le sauve. Un scénario symbolique pour inviter les internautes à signer des pétitions en ligne pour faire libérer des détenus, emprisonnés abusivement.  Des images rendues possibles grâce au savoir faire de Guillame Nery et ses amis, tous apnéistes confirmés qui se sont dévoués pour soutenir "Le Marathon des signatures". Des séquences sous marines qui donne des envies d'évasion.



Autre bouffée d'oxygène. Les deux épisodes de The Children et l'Océan qui montrent comment des enfants très jeunes et bien encadrés par leur père découvre les splendeurs des grands fonds. Les raies, les baleines à bosses ou les requins... A 2 ans et demi, pour le plus jeune, ils jouent au milieu des bancs de poissons tropicaux. Rodolphe Holler, biologiste et moniteur de plongée, est un passionné. Cet ancien dresseur de dauphin et photographe organise des expédions près de Tahiti avec son épouse Christelle. La Polynésie, une eau claire, une faune riche, extrêmement diverses. Le paradis à moins de deux mètres.