mardi 29 mai 2012

"Off the grid", une magnifique aventure photographique et humaine d'Eric Valli. Welcome "Into the wild", avec ceux qui ont tout quitté pour fuir le système




"Into the wild". Ils ont tout quitté.  Ils ont fui la société de consommation. Ils sont partis loin. Loin des villes, loin de la pollution, loin du sytème. Loin de tout. Sans rien.


Les "Robinsons" photographiés par Eric Valli ne sont pas sans ressembler à Christopher McCandless, le héros du film de Sean Penn. Comme lui, John, Lynx, Tod et les autres ont dit au revoir à une existence confortable pour vivre en harmonie. Avec eux-mêmes et avec la nature.
 Sa dernière série "Off the grid"  retrace des parcours atypiques. Ces photos sont reprises en partie dans son livre "Rencontres hors du temps : ils ont choisi de vivre libres". "In nature, one find oneself". 

Eric Valli est  voyageur insatiable. Photographe, réalisateur, il s'est fait connaitre avec son travail sur le Népal et le Tibet et des séries de photos cultes , "Chasseurs de miel", "Chasseurs des ténèbres" et surtout un long métrage tourné en pleine montagne "Himalaya, l'enfance d'un chef". 
"La vie dit-il a toujours été plus généreuse et plus inventive que tout ce que j'aurais pu imaginer. Il suffit de s'y jeter."



Pendant deux ans, il a parcouru les Etats-unis avec son Leica et rencontrer des personnages qui ont choisi de vivre "léger, sans contrainte".  Des rêveurs qui ont sauté le pas et qui ont dit adieu à la télévision, aux téléphones, aux impôts... Off the grid, est une galerie de portraits d'êtres sensibles pleinement conscients des contradictions du monde actuel et vivant presque dans le plus profond dénuement.  Ils ont dit  "non" au système. Ils ont fait le pari de la rupture, et à les croire, s'en portent très bien. Ils sont chasseurs, trappeurs, fermiers à l'ancienne, mais la majorité d'entre eux vit en se contentant simplement de "moins", tout en cherchant le "mieux" à savoir l'acte le plus durable et le plus responsable. 



Le cas de John est emblématique de cette génération qui s'est levé et a dit stop. Il avait "tout" pour lui, riche patron, il a fait fortune dans les assurances. Il possédait une superbe maison, deux voitures, vivait avec une femme charmante. La parfaite incarnation du rêve américain. Sans aucun souci matériel. t au milieu des marais dans le Sud des Etats-Unis. Un jour après une nuit passée à boire du gin tonic. Il se réveille au bord de sa piscine. Effaré, il contemple son succès, sa maison, ses voitures. Il est atterré. Sa vi effrénée, le travail, le fric, plus rien n' de sesns pour lui. Il sit qu'il exploite ses clients car les taux d'assurance sont prohibitifs. Il connait les petites clauses qui , au moment crucial ressortirent. : "Oui, mais voyez-vous là…". En plus ce ne sera pas lui qui aura à le dire, mais quelqu'un d'autre, dans un autre bureau, dans une autre ville. John ne peut plus accepter ces mensonges, ces compromissions, ces magouilles, sa vie.



Il change son rythme de travail.  Six mois dans l'année, il continue son job avec costume et grosses cylindrée et le reste du temps il s'évade dans les endroits les plus reculés, pour trouver un lieu propice à ses désirs de pureté. Puis un jour après une dizaine d'années à vivre cette vie de schizophrène, il décide de rompre avec la société. il se rend dans le bureau de son patron et lui récite en guise de démission un célèbre poème de Robert W Service, un texte qui allait bien des années plus tard servir d'introduction au film de Sean Penn, Into The wild. 

"Il existe le plaisir des forêts encore vierges,
Il existe l'enchantement de la grève déserte
Il existe un monde qu'aucun homme n'a foulé
Ce sont les rives de l'océan qui nous berce de mélopées
Je ne méprise pas mes hommes mais je préfère la nature…"


Il laisse l'essentiel de ce qu'il possède à sa femme : "She got the house, I got the freedom". Avec ses economies, il s' achète un lopin de terre contingu à deux milles hectares de marais et part vivre en quasi hermite dans des cabanes sur pilotis… 
Pour ce magicien de la finance, la nature est puzzle écrit Aurélie Taupin qui a aidé Eric Valli à rédiger son livre. " En regardant, en observant, il assemble les pièces et comprend la vie autour de lui. "C'est comme apprendre à se servir dun ordinateur. au débaut c'est un peu affolant, jusqu'au omet où tout bascule… Désormais, je sui ss i affuté que je peux sentir l'harmonie ou l'inconfort de la forêt dans son ensemble, comme de chaque arbe en particulier. "
Celui qui a vécu sur l'or se contente à présent de cinq mille dollars par an. Il vit de la vente de ses peaux de castor, de raton laveur ou de loutre et de menus travaux de bricolage pour ses voisins…


Eric Valli raconte qu'un matin assis sous l'auvent, il aperçoit que sa chaise est faite de cravates tressées vestiges de son ancienne vie. et alors hon de lui présenter l'objet sur lequel il prend son déjeuner le matin et notamment une cravate bleue avec un taureau et un ours rouge. "Les deux animaux qui se font face, c'est le symbole de Wall street? Ils représentent le flux des capitaux, le combat des forces boursières." 



 Tod et Talia vivent dans les Appalaches, un choix radical. Une vie, seuls en montagne, passée à cueillir des plantes domestiques, construire des cabanes, scier du bois pour le chauffage, tanner des peaux et lire au coin du feu.
Brillant ingénieur et sensible à la protection de l'environnement, Tod  s'était spécialisée dans les énergies propres et renouvelables à l'université de Davis en Californie. Il travaillait à la conception de batteries pour les moteurs hybrides. Jusqu' au jour  où il réalise que dans son laboratoire, il passe son respirer des produits chimiques. "Là j'ai pensé , minute, ! tu veux créer un monde propre, avec des produits terriblements nocifs, c'est totalement stupide. c'est combattre le feu avec le feu. c'est essayer de sauver la nature en créant plus de pollution. C'est de la foutaise." 
Il plaque tout. Avec sa compagne, Talia. 
"Après avoir perdu la foi en la technologie, nous avions le choix : 
-continuer comme avant : nous dire que de toute façon, nous ne pouvions rien y faire. Aller à mon boulot en attendant le vendredi soir, fumer des joints et boire de l'alcool pour noyer ce sentiment de culpabilité, de tristesse et de colère. C'était la première option !
- Devenir activiste ( ce que j'ai fait pendant deux ans) , combattre pour une cause juste. Mais, encore une fois, si je j'utilise des ordinateurs, de l'électricité, et prends l'avion, - ce qui est nécessaire pour être efficace-, je contribue à la destruction, à l'exploitation de la nature contre lesquelles je me bats.
- Ou alors, troisième solution, celle que nous avons choisie, devenir le plus indépendants possible du système."
Tod avait soif d'apprendre. Aujourd'hui, il passe ses jours  à comprendre comment mieux vivre au milieu des arbres, des animaux, des vents. Une école de patience et d'humilité.



Mais la plus étonnante de ces rencontres est celle de Lise, une belle femme de 43 ans, blonde et charismatique. Qui a fait le choix de la décroissance au point de vivre sans rien d'autre que les ressources de la forêt, dans une simplicité proche de celle des hommes préhistoriques… Jeune, cette ancienne punk, suédoise par sa mère et anglaise par son père, vivait une existence "sex drug and rock'n roll" une vie entre Londres et Amsterdam. Un rythme un peu suicidaire entre squats, paradis artificiel et histoire de coeur éphémères.  Aujourd'hui, elle est dans son élément, équilibrée et apaisée au fond de la forêt dans les Rocheuses. Seule avec ses deux chevaux.  "La moitié de la population vit en ville. La nature n'est jamais prise ne compte… On pille ses ressources, on y jette nos déchets. On prétend l'aimer mais si c'était vrai on ne la traiterait pas ainsi. "Cette déconnexion, cette vie entre béton, macadam et néons, nous durcit et nous fait perdre nos repères."


Lise surnommée Lynx : je veux vivre le plus léger possible, ne pas laisser de trace aussi impalpable que la brise…  Fort de son expérience, elle a fondée son école le Four Seasons Préhistoric Projects, où elle anime des stages de survie à des adeptes du retour à la nature.
Eric Valli a suivi cette formation extrême un sort temps… Il s'est investi corps et âme. 
Pendant trois semaines, il a partagé la vie de ses naufragés volontaires, faisant le feu avec des silex, se nourrissant de racines, de fruits et de fourmis, s'habillant avec les peaux des animaux chassés par le groupe, les mocassins qu'il s'est cousu lui mêmes. Auprès de cette coach un peu particulière, le photographe revient à l'essentiel. "Si nous devions tuer et découper la viande que nous avons envie de manger, lui dit Lynx, si nous devions abattre et débiter le bois dont nous avons besoin, nous serions plus responsables, plus frugaux, en voyant et en comprenant, au plus profond de nous, l'impact, la gravité de ce que nous faisons."




Dans la nature, il prend conscience de certaines choses enfouies un peu vite dans notre mémoire. "Si nous dépensons plus d'énergie à chercher notre nourriture qu'elle ne nous en apporte, à court ou à long terme, c'est la mort. Au travers cette expérience, j'ai découvert ces choses basiques, que les circuits de distribution et supermarchés nous ont fait oublier. Ce n'est pas une découverte intellectuelle : nous sommes ici en contact direct et total avec notre réalité d'être humain.- que dis-je - d'être vivant. Ici, il n'y a rien de  théorique, de livresque. Non, la réalité te mord aux tripes." 


Curieuse aventure. Eric Valli s'aperçoit que revêtu de peaux de bêtes, c'est la sienne qu'il risque. Et perçoit des paradoxes, il vit comme un Robinson coupé du monde… Hormis le bruit des 747 qui passent six fois par jour au dessus de sa tête. Un grand écart qui lui ouvre encore plus les yeux sur la dérive de nos sociétés  qui cherchent le toujours plus, quitte à aller encore plus vite droit dans le mur… Avec le feu en guise de télévision, il s'interroge alors sur nos faux besoins créés de toute pièce par des chefs de bureau marketing, sur cette course folle à la croissance… sur notre planète aux ressources limitées. Et qui s'amenuisent alors que la population ne cesse de s'accroître. 


Sa série de photos, son livre témoignent de son cheminement… Pendant deux ans, physique et intellectuel. Et il nous livre ses réflexions, ses doutes face aux remarques de ces rebelles. Il admire leur parcours et prête l'oreille à leur discours sur la crise qui ne fait que s'accroitre, les ressources naturelles qui se réduisent alors que nos désirs gonflent artificiellement, la démographie galopante, les tensions inexorables entre les nantis et les pauvres, la montée du terrorisme et les guerres… Et notre aveuglement. notre surdité. 



Il les écoute. Mais sans tomber dans la fascination. Relevant chez les autres une certaine naïveté, chez les autres une volonté de fuir et de retomber en enfance. Constatant parfois des contradictions. Il en sourit parfois comme lorsqu'il voit les stratagèmes de Tod et Talia pour récupérer de la nourriture, des yaourts, de l'huile, du riz ou de la farine, des fruits dont la date de péremption est passée mais qui sont encore consommables à l'arrière des supermarchés dans des bennes métalliques ou des madriers jetés après avoir servir à protéger du matériel. Il en sourit mais tout en comprenant leur démarche lorsqu'il dénonce un monde qui marche sur la tête.  Aux Etats-Unis, 40 % de la nourriture est mise à la poubelle . "Imagine, lui dit "Tod, cette nourriture qui a été plantée, récoltée, transportée, transformée, empaquetée, retransportée pour être finalement jetée. Des millions de gens ont participé à son élaboration partout sur la planète, du fermier au fabricant d'engrais, au vendeur du supermarché et même jusqu' à ceux qui recyclent, détruisent ou enterrent ce surplus." Pour rien ou presque.  En pure perte. A part pour les magasins qui déduisent ces pertes de leurs impôts. Se contente-t-il d'ajouter. 


Off the grid, hors des réseaux, du système pourrait-on traduire. Un beau travail photographique d'Eric Valli sur des hommes et des femmes certes à part mais qui nous ressemblent et questionnent en nous notre part d'humanité. Au prix d'un engagement physique et psychologique pour tenter comprendre ces démarches atypiques. Une série de photos à retrouver sur son site, ainsi que d'autres comme Gentside ou Lense qui depuis deux semaines font le buzz sur ses clichés.  Mais surtout un livre riche tout en nuances paru en novembre  2011 aux Editions de La Martinière. Et un documentaire diffusé sur Canal Plus sur les traces de Lynx et de ses compagnons,  "survivants" volontaires. 




Eric Valli ne fait pas partie de ces photographes qui disent "bonjour, je viens prendre des photos, ne vous occupez pas de moi, je vous pose deux trois questions, je repars et j'essaye de vous faire parvenir la publication", Non, il respecte ceux qu'il filme et ceux qui photographie et c'est pourquoi, il se plonge dans un univers. In the deep, "into the wild". Pour leur être fidèle et être fidèle à ses convictions. 









samedi 12 mai 2012

Présidentielle 2012 : l'après 6 mai, une semaine normale sur le web... enfin presque


"Tous ensemble, souhaitons un agréable vol pour Los Angeles à Mickaël Vendetta". C'est par ce tweet diffusé dans l'après midi de dimanche 6 mai que les internautes branchés sur les réseaux sociaux ont appris la victoire de François Hollande. Une nouvelle confirmée  avec un autre message implicite. La petite Giulia attend son papa à la sortie du magasin !!!"
L'élection présidentielle a déchainé les passions et suscité de très nombreuses créations sur la toile avec un pic lors du débat de l'entre-deux tours. Un intérêt qui ne s'est pas estompé avec l'annonce du nom du vainqueur. Passée la grande fête de la place de la Bastille, les vidéos et les photo montages ont continué de plus belle.





Malheur au vaincu. Les déçus de l'ère Sarkozy n' ont pas hésité tiré sur l'ambulance et dézingué l'ancien maire de Neuilly renvoyé à ses études, plutôt à son étude d'avocat. Des piques projetées souvent avec virulence. En l'espace de deux ou trois jours, les détournements se sont multipliés. A coup de photoshop, les plus facétieux ont transformé des affiches célèbres comme celle de "Good Bye, Lenin !"




Ils ont aussi joué sur l'analogie avec la fameuse émission de télé réalité de Koh Lanta.

Autre jeu, transformer les publicités à la mode. Sur le mode avant / après, à la manière des campagnes de l'opticien Krys. Un clin d'oeil facile. Pour rien. "A l'oeil", pourrait-on dire..




Une vacherie qui avait déjà été sortie pour d'autres "people" têtes de turc des Français comme le joueur du Bayern de Munich Franck Ribery.


Certains se sont même essayés à la vidéo. Le plus gross buzz a été obtenu par un faux générique de film inventé par un sympathisant de gauche. "C'était le Quinquennat 2007- 2012", une production Lilliane et André Bettencourt avec la participation de Kadhafi, père et fils et la participation de Bachar Al-Assad, Hosni Moubarrak, Omar Bongo et Ben Ali. Réalisateur : Patrick Buisson, chef de l'équipe technique tunisienne : Michelle Alliot- Marie. Scénario et dialogues : Henri Guaino et Guillaume Peltier. Conseiller culinaire : Gérard Depardieu, conseiller littéraire : Frédéric Lefebvre, conseillère spéciale à la grammaire : Nadine Morano. Dialogues additionnels : Marine et Jean-Marie Le Pen. Catering : Véronique Genest. 780 000 vues en moins de 5 jours. Un carton pour une vidéo somme toute très simple mais qui rappelle bien des épisodes du mandat de Nicolas Sarkozy. 




Autre parodie, musicale cette fois-ci avec un clip de Carla Bruni revu et corrigé. "Quelqu'un qui m' a dit..." est devenu "Ma ché te devon di dopo lundi" (qu'est ce que je peux te dire après lundi. Même mélodie plaisante, même attitude distante et intrigante. Mais des paroles peu à l'honneur de l'ancien couple présidentiel. La traduction des paroles chantées par la jeune Julianna font référence à l'ancienne vie de la première dame de France et à sa carrière sur les podiums. 
"Un jour, tu es Madonna, un jour rien du tout [...]
Peut-être que je pourrais recommencer à faire le mannequin mais je ne me souviens pas comment faire pour marcher avec des talons [...]Si tu as vu trois valises, ne te stresse pas, ce n'est pas ça, je ne vais pas partir [...]Je me retrouve toute seule ici avec mon chômeur Nico Sarkozy"


 

Dans le même style, un détournement a connu un gros succès. Celui d'un programme télé phare de ces dernières années : "L'île de la tentation". Un montage très simple mais efficace pour chambrer ceux qui ont cru jusqu'au bout aux chances du président sortant.



Pas de tuile à Tulle. Pas de tôle non plus. Les plus musiciens ont joué sur l'air du temps, sur les airs à la mode. A l'image d'un des plus grands succès du groupe de rap Sexion D'assaut. Le titre "Avant qu'elle parte" a été réécrit et transformé en "Avant qu'il parte" par MisterJDay, un exercice de style qui a séduit bon nombre de partisans socialistes sur le web...


Malgré les imprécations, le pire ne s'est pas déroulé. Les grands revenus ne se sont pas rués vers la frontière suisse, même si certains se sont imaginé la fuite des futures victimes de l'ISF.




De manière inattendue, le coup le plus dur pour l'ancien locataire de l'Elysée est venu d'Outre-Atlantique. Bien involontairement. La chaîne MSNBC a passé dans ses titres un mauvais synthé en annonçant la victoire du candidat socialiste. En lieu et place de "Sarkozy perd son poste" pour accompagner les images de l'ancien député des hauts-de-Seine, l'opérateur à envoyé "Prostitute Speaks", ( la Prostituée parle ) un titre prévu au départ pour parler des révélations d'une péripatéticienne qui aurait eu des relations en Colombie avec des agents secrets chargés de la protection de Barack Obama. Une énorme bourde... La chaîne a du présenter ses excuses.



Une volée de bois vert s'est abattue sur Nicolas Sarkozy. Ceux qui étaient timorés lorsqu'il était au pouvoir se sont lâchés. Et ont accablé le perdant. Cela dit, la vie sur la toile est sans pitié. Le temps de grâce n'aura pas duré plus de quelques jours pour le nouveau président.


Si le quotidien "Libération" titrait dès le 7 mai "Normal", pour signifier que rien n'était venu déjouer les pronostics et que le bilan de l'ancienne majorité ne pouvait qu'être sanctionné, les partisans de l'UMP s'en sont inspiré très rapidement pour contre-attaquer. Sur planète-ump.org, on a ainsi vu fuser les critiques sur le déplacement de François Hollande en Tulle et Paris et son arrivée escortée par cinquante motards place de la Bastille. Une "Une" corrigée pour une belle correction, pour paraphraser ses termes, histoire de rappeler que ces premiers déplacements somptueux et polluants n'avaient rien d'écologique. Et étaient un peu "too much".



Faute de pouvoir attaquer l' action de l'ancien député de Tulle, ses opposants ont raillé les propos de sa compagne qui demandait à ses anciens confrères de faire preuve de compréhension et de ne pas les suivre 24 heures sur 24.  "Merci à mes consoeurs, mes confrères de respecter notre vie et nos voisins". A peine cette phrase lâchée, Brain-magazine.com a inventé les unes à venir des principaux hebdomadaires  du pays, reprenant leurs codes, leurs partis pris et leurs mises en page. A la manière de Elle, facile et louangeur : "belle et rebelle", du Point qui survenu son sujet qui attise la curiosité: "Valérie Trerweiler : l'énigme", de 'L'Express " qui joue les liens obscurs, les complots "Son influence, ses ambitions, ses réseaux"ou de Closer  qui imagine de fausses histoires de rivalités entre filles :"Valérie Trierweiler Ségolène Royal : c'est la guerre.



Les autres créations ont pris pour thème le surnom du nouveau président "Flanby", un surnom peu flatteur énoncé en 2003 d'Arnaud Montebourg. Le jour du scrutin, une photo montrant des camemberts Président à côté de packs de flan au caramel  a été postée et repostée des milliers de fois pour faire passer les résultats avant l'heure ou inviter au vote. 



L'autre  cliché qui a fait le buzz montre une cuillère de flan devant un téléviseur. Au départ, une blague entre potes lors du discours d'adieu du Président de la République sortant retransmis depuis la Mutualité. Partagée par son auteur Jeromeuh sur Facebook, la photo a été repris sur le réseau et de fil en aiguille est devenu l'image du second tour. A tel point que les médias du monde entier l'ont relayé BBC World News en tête. L'image qui n'aurait pas du sortir de l'appartement de ses amis à fait le tour de la Terre. 


Sur la lancée d'autres images avec le célèbre dessert ont fleuri sur la toile. 





Une idée déclinée tantôt  pour se moquer tantôt pour louer le nouvel arrivant en faisant des jeux de mots "Flanby" devenant "Flamboyant"...


L'heure est à l'humour, le jeune comique Gonzague a poussé le délire plus loin. Et il a imaginé les conversations que pourrait avoir le président de la République avec ses camarades et son prédécesseur sur Facebook. Hilarant. La vidéo a été visionnée près de 2 millions de fois. On y voit François Hollande demander à Nicolas Sarkozy les codes d'accès. Non pas nucléaires comme on pourrait le croire  mais Wifi pour surfer...


   

Depuis des semaines, depuis début janvier, certains observateurs prévoyaient au vu des sondages la victoire de la gauche. Les résultats des dernières consultants municipales, sénatoriales, européennes laissaient penser que le scrutin tournerait une nouvelle fois à l'avantage des socialistes. Surtout si celui ci se transformait en référendum pour ou contre Nicolas Sarkozy. Mais aucun n' a fait preuve d'une aussi grande clairvoyance que Coluche, l'ancien candidat à l' élection présidentielle, disparu en 1986. 




Pendant 7 jours, les internautes, anonymes ou non, ont fait assaut de créativité. Donnant des idées aux professionnels. Sacha Baron Cohen, le célèbre comédien, a sauté sur l'occasion pour faire du buzz. Et à mis en ligne avant Barack Obama et Angela Merkel, les félicitations du général Aladeen, le héros de son dernier film "Le dictateur" qui sortira le 21 juin. Récupération, récupération... Un comble. Le monde de la finance est prêt à récupérer le succès du candidat socialiste.

   











lundi 7 mai 2012

Sea, sex and snow... Un clin d'oeil malicieux pour célébrer la fin de saison de ski



 Petit délire vidéo. Toujours avec ma Go Pro, toujours avec i-movie. Deux outils de base ludiques, très faciles à manier et parfaits pour s'amuser.
Ma dernière création : une petite fantaisie pour fêter la fin de la saison de ski. Une fin de saison incroyable avec d'abondantes chutes de neige. En témoignent ces images tournées à La Grave dans les Hautes-Alpes le 30 avril  et 1er mai 2012.
Alors que la plupart des Français choisissaient de partir sur le littoral pour le premier grand pont de mai, les quelques furieux qui sont monté en altitude ont eu droit à des conditions de rêve. De la poudreuse à foison, quelques dizaines de riders à tout casser dans les cabines et sur le glacier et une bonne visibilité. Sans doute une des sessions les plus grisantes de l'année.
On appelle ces moments magiques : "Janvril", la neige de janvier en avril. Le soleil en plus..
Chaud devant. Show, très show.
Voici donc un clin d'oeil malicieux sans autre prétention que de séduire ceux qui pensent que les vidéos de ski se résument à une succession de sauts ou de longs plans séquences ennuyeux. Avec un peu d'imagination, de musique, le freeride peut devenir glamour.
En mai, fais ce qu'il te plaît. De la montagne à la plage, du ski au surf. D'autres lieux, d'autres plaisirs. Mais toujours la même recherche de glisse, la volonté de trouver les plus belles courbes. Une page se tourne, d'autres restent à écrire.

samedi 5 mai 2012

La présidentielle 2012 vue par les photographes de presse : un regard (objectif ?) sur les dynamiques de campagne




"Loin des Clichés". La campagne et la politique autrement. 
L'association "Parole de photographes" a demandé à six grands professionnels de revenir sur les clichés qu'ils ont pris lors de la campagne présidentielle. Une excellente initiative pour découvrir comment ces reporters ont pu travailler sur le terrain et un prisme original pour décrypter l'évolution des différents prétendants à l'Elysée. 
Jean-Luc Luyssen, Olivier Coret, Guillaume Binet, Cyril Bitton, Olivier Laban Mattei, Jean-Claude Coutausse, photographes à l'AFP ou au Monde, ont suivi chacun un candidat pendant six mois, parfois un an. Un travail de longue haleine, en coulisse, qui leur a permis de se fondre dans le paysage et de saisir les grands et petits moments de cette course folle. 
Des instants qui témoignent de l'évolution des impétrants, de leur rapport à l'image et de la dynamique qu'ils ont su faire naître. 


 Jean-Luc Luyssen a ainsi vu François Hollande se transformer, gagner en épaisseur et prendre confiance. 
Etape par étape, ses clichés montrent cette montée en puissance, cette métamorphose. Le reporter la vu changer de costume, de lunettes.
Seul, il y a un an, quand le candidat socialiste rodait ses discours en province, dans des salles des fêtes ou serrait des poignées de main à la foire au boudin de Tulle, il a été rejoint peu à peu par des dizaines de confrères à la rentrée à partir de l'Université d'été du PS à La Rochelle, les premiers débats de la primaire, puis été englouti dans la meute des cameramen et des ingénieurs du son. Au début, «il était encore possible de prendre l’ascenseur avec lui», ensuite une certaine distance due aux cordons de sécurité et au zèle des attachés de presse est apparue. Cela se retrouve dans les images. Les rendez-vous sont moins spontannés, les déplacements se font en fonction de thèmes imposés : l'agriculture, la recherche, l'industrie, le sport...
En l'espace de trois mois, le travail photographique qui touchait à l'intimité et se focalisait sur la proximité du candidat avec les préoccupations de habitants a cédé la place au barnum en tournée, grand spectacle. 
Tout est devenu formaté autour de François Hollande : le décor des salles de meeting, les pupitres avec le slogan officiel, le drapeau derrière lui... Seule manière de trouver des clichés nouveaux : aller chercher les gros plans sur les mains ou les pieds. 




Olivier Laban-Mattei, lui, a suivi Nicolas Sarkozy. Il avait fait partie de ceux qui avait assisté à sa victoire en 2007, il a remis le couvert cinq ans plus tard. Quatre mois. Un travail de longue haleine. Et là, le constat est sans appel. Le président sortant a cadenassé sa communication. Son équipe contrôle tout. Comme si une méfiance s'était installée. Le naturel parfois perceptible en 2007 a disparu. 
Le candidat a fait le ménage, n'hésitant pas à décider d'une mise en scène, à placer lui -même un reporter ou un JRI. Il a mis de la distance avec les photographes, parqués à un endroit bien précis, tous dans la même travée. Il semble lointain, comme coupé du monde. Des réalités. Derrière la barrière de ses gardes du corps et de ses conseillers. 
L'accès à des moments privés est excessivement restreint par rapport aux autres candidats. Lors d'un débat organisé par "Le Monde", les candidats devaient se laisser photographier en coulisses. Ils ont tous laissé travailler Olivier Laban-Mattei, sauf Nicolas Sarkozy. "Avec Hollande ou d'autres candidats, la poignée de main est de rigueur et le bonjour aussi. Ca n'arrive pas ou très exceptionnellement avec le candidat Sarkozy", confie-t-il.


Du coup, les photo les plus originales sont celles où l'on voit ses partisans devant son poster géant après un meeting ou des jeunes militants qui jouent avec son effigie. Une foule qui vénère une image. Mais qui communie moins avec son idole.
Difficile d'être original. Plutôt que de faire la même image que ses confrères, une de ses astuces du photographe est de «suggérer la présence du candidat» sans qu'il ne soit là. "Il faut aussi savoir rester après le départ de ses collègues", raconte le photographe, faire «le pas de côté» qui changera tout dans le cadrage et s’amuser si possible des jeux optiques pour tenter de briser la mise en scène bien huilée du candidat UMP. 




Les photographes de presse qui travaillent sur la longueur en suivant un parti, un candidat peuvent rendre compte à leur manière d'une dynamique. Et à ce niveau, en plus des deux favoris, 2012 a été riche avec l'apparition de figures fortes comme Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Deux candidats qui sous-évalués à l'automne ont su attirer les foules au printemps et recueillir plus de suffrages que ceux qui leur étaient promis à la rentrée. 
L'histoire d'Olivier Coret est significative. Il aait choisi Jean-Luc Mélenchon pour suivre un "petit candidat". Au lieu de ça, il a assisté à la transformation du leader du Front de gauche et à sa montée dans les sondages : de 5 à 15 % en 4 mois. Un succès qui s'est traduit, là aussi, par une mise à distance et un fossé qui se creuse entre le candidat et le photographe. Le côté amateur des premiers jours a laissé la place à une gestion plus professionnelle, plus directive.
  

Dans les premiers mois, il y n'avait que deux ou trois photographes pour rendre compte des déplacements de l'ancien socialiste. "On jouissait d'une liberté totale avec le candidat. On n'était pas du tout limité par les gens de la com. Avant qu'il soit très reconnu, il faisait des meetings pour 20 ou 30 personnes, parfois pendant deux heures, parfois dans une ferme." A la fin, les photos ont fini par ressembler à celles de Sarkozy ou Hollande. Et les clichés de drapeaux, de militants ou de foule ont remplacé les portraits intimes. Le grandiloquent à remplacé l'intime, l'émotion.



Ces regards de photographes se veulent avant tout des regards humains. Sensibles. Cyril Bitton est représentatif de cette approche sans à-priori. Il s'est contenté d'être aux aguets. Quand certains photographes font dans le cliché et cherchent, par parti pris, à peindre Marine le Pen et le FN sous un jour menaçant, il s'est contenté d'observer. Pour ne pas travestir la réalité. Mieux pour ne pas passer à côté d'une candidature et de discours qui rencontrait une forte adhésion dans la population. 
Il est à noter que la campagne 2012 a été moins tendue que les précédentes. Surprise, là on les autres candidats ont petit à petit mis de la distance avec la presse, au Front national les relations se sont "normalisées"vis à vis des journalistes. Moins de défiance affichée. Les fondamentaux ont peu changé mais la façade a été considérablement rénovée.
Le reporter qui suit l'extrême droite depuis 11 ans a noté un changement d'ambiance par rapport aux campagnes précédentes.
"Les journalistes qui la suivent depuis longtemps la regardent en souriant, un peu un regard tendre. confie l'ancien collaborateur de VSD. Elle signe des autographes à la fin des meetings, on l'appelle "Marine" alors que pour son père c'était souvent "Le Président"."



Le FN veut présenter un visage plus fréquentable. La fille de l'ancien para à l'oeil de verre apparait maquillée, coiffée de près face aux objectifs, elle prend soin de son image. Et essaye d'apparaitre le plus possible séduisante, à la différence de son père qui faisait moins attention à son apparence. Quitte à demander à des membres de son équipe de tenir un réflecteur derrière elle lors d'une interview. Un détail. Ce souci de la lumière reflète la volonté d'être dans la lumière, dans les médias. Et d'apparaitre comme une candidate ordinaire.
Elle joue de sa féminité. Elle sourit malgré les coups.
Si Jean-Luc Mélenchon, pourtant charismatique met en avant le Front de Gauche plus que son physique, son programme plutôt que son caractère, la leader frontière cherche, elle, à obtenir des voix grâce à sa  chevelure blonde, ses yeux bleus, son sourire.  Dans la droite ligne des formations extrémistes  qui ont une tendance à installer un culte du sauveur ou de la personnalité. Et ce n'est pas un hasard, si les candidats d'extrême droite aux prochaines législatives se présenteront sous l'étiquette "Bleu Marine". A ce titre, la présidentielle 2012 aura marqué un tournant par rapport aux années Megret/ Le Pen.



Les photographes de presse sont souvent timides et se cachent derrière leur boîtier, derrière leur travail. A tort : avec leurs regards particuliers, ces journalistes observent les évolutions de la société, les mouvements de fond de notre pays. Ils sont là où cela se passe. Ils ont beau rechercher la subjectivité, ensemble ils donnent à voir un tableau objectif de la vie politique. Au milieu de la foule, en ville, à la campagne, ils arrivent à faire remonter les aspirations du peuple et coucher sur papier l'énergie qui ressort de ceux qui aspirent à les guider. Et ce n'est pas pour rien qu'on parlait autrefois de révélateurs...