vendredi 8 février 2013

Ma sélection de la semaine : décrochez la lune

Ma sélection vidéo de la semaine. Trois coups de coeur. Trois buzz.
Un clip engagé des employés de PSA pour éviter le clap de fin et la fermeture de leur société.
Un portrait ultra sujectif de Bruce Mac Laren, pilote et créateur de l'écurie de F1 homonyme : un hymne à l'engagement et à la création. 
Et un film étonnant sur un lever de Lune en Nouvelle-Zélande. De quoi vous mettre des étoiles plein les yeux. Enjoy.

 

Clin d'oeil : Full moon party, ombres néo-zélandaises



Mark Gee a décroché la lune. Mark Gee ? Un photographe spécialiste d'astronomie et de sport basé à Wellington. L'artiste qui pensait tourner au départ un court métrage qui ne dépasserait pas les frontières de la Nouvelle Zélande est aujourd'hui en tête des visites sur Viméo. Il faut dire que sa création, "Full moon silhouettes", est étonnante. Simple mais efficace. On y voit la Lune se lever au dessus du Mont Victoria et des randonneurs attirés par le spectacle se découper en ombres chinoises devant cette sphère lumineuse.
Le 28 janvier dernier après plusieurs essais infructueux, à cause d'une  météo capricieuse ou d'emplacements inappropriés, il a enfin réussi à capter la séquence qu'il pourchassait depuis des mois. Et réussi un film astucieux. Placé à 2 kilomètres du promontoire, il a sorti son Canon 1D mark IV, fixé son objectif Canon EF 500 mn avec un doubleur et a saisi cette scène magique.
Cette vidéo  n'est pas sans rappeler "Moonwalk" de Mikey Schaefer mise en ligne il ya peu de temps où l'on apercevait Dean Potter tendre une corde entre deux blocs de rochers dans le parc du Yosemite et marcher à contre jour tel E.T. sur sa bicyclette . Un film devenu culte, vu plus de 720 000 fois et tourné lui aussi avec un énorme téléobjectif Canon de 800 mm.
Car pour une fois, pas de trucage ou de retouche. Juste un saisissant  jeu de contraste. Le réalisateur a tourné huit minutes sur pied et l'effet grossissant est seulement du à l'otique employée. Un téléobjectif de grande taille qui donne l'impression de regarder la lune au travers d'un télescope. Au contraire les personnages, eux, semblent tout petits car le photographe s'était installé à l'autre bout de la ville. Ils auraient été deux fois plus grands si il s'était rapproché d'un kilomètre .Comme quoi la photo peut s'avérer une question de mathématiques.
Certains facétieux ont fait remarquer que la Lune se déplaçait vers la gauche et que cela sentait le fake.  L'explication est assez prosaïque : la scène se passe aux antipodes avec un sens de rotation inverse à celui que nous observons nous dans l'hémisphère nord... Cela méritait bien une mise au point. Une mise au point à l'infinie en l'occurrence.

Clin d'oeil : Un hommage à un as du volant qui a inspiré beaucoup de passionnés, Bruce Mc Laren , un créateur, un entrepreneur roi des grands prix





 « Life is not measured in years alone, but in achievements ». La vie ne se mesure pas seulement en nombre d'années. C’est la phrase forte d'un petit film hommage à  un grand pilote de course, Bruce McLaren. Une vidéo intitulée "Courage", réalisée par  Marcus Söderlund qui fait partie d’une trilogie de trois petits spots mis en ligne pour célébrer les 50 ans de l’écurie de F1 qui porte le nom de son créateur. 
Bruce  Mc Laren, était un sportif néo-zélandais adulé de son vivant. Entre 1958 et 1970, il s'était illustré sur les circuits en gagnant à 22 ans son premier grand Prix de formule 1 et en remportant de nombreuses victoires dont les vingt-quatre heures du Mans en 1966. Une trajectoire fulgurante brutalement interrompue en 1970 quand le pilote et constructeur décède au cours d'un violent accident sur le tracé de Goodwood en Angleterre. A l’âge de 32 ans alors qu’il essaye une de toutes ses nouvelles voitures, son capot s'envole et il percute un poste de contrôle. Un destin tragique mais sa mémoire, son héritage sont plus vivants que jamais grâce à son écurie qui brille depuis des dizaines d'années sur les grands prix.
Selon le réalisateur suédois qui s'est passionné pour le personnage : "Les films peuvent changer votre façon de regarder le monde en vous montrant comment une grande figure l'appréhende. Et j'ai voulu défendre le regard de Bruce Mc Laren et son attitude positive". Un message que l'on retrouve dans la conclusion de ce court métrage sobre qui met en scène le fantôme du jeune entrepreneur passionné de voitures de sport : " J'ai fait plus que laisser un nom dans les mémoires. Je suis devenu une inspiration".

Clin d'oeil L'air du temps, quand les employés licenciés de PSA donnent de la voix


Les employés de l'usine PSA d'Aulnay ont choisi de faire un clip pour alerter l'opinion sur la fermeture annoncée de leur site, se fédérer dans la lutte et collecter des fonds pour la lutte qu'ils sont en train de mener. 
Lorsqu'en juillet 2012, les ouvriers qui fabriquaient la C3 ont appris que la direction avait l'intention de mettre fin à leur activité, ils se sont tournés vers l'un d'entre eux pour écrire un chant susceptible de conter leur histoire et de les fédérer. Franck Jautee, rappeur à ses heures, avait déjà donné il y a quelques mois un concert dans un des ateliers de l'usine avec son groupe Tango et Kash. "Ils étaient tous tristes, rebellés, énervés" raconte celui qui est surnommé Kash Leone par ses collègues. " Ils m'ont tout de suite dit  "Est-ce que tu peux faire une musique, parlant de ce qui se passe aujourd'hui ? J'ai dit d'accord, je fais la musique mais à la rentrée vous vous devez tous être dans le clip". Parole tenue. Le texte écrit, la plupart d'entre eux acceptent d'apparaître dans un clip. Façon lipdup, certains reprennent "ça  peut plus durer" le refrain de la chanson.
Une présence qui donne chair à ce drame et permet de mettre des visages sur ces personnes en plein désarroi qui se sont donné corps et âme pour leur marque et qui sont jetés sans façon. Victimes de la crise, de la baisse des ventes de voitures, ils disent leur colère face à l'inconséquence de leurs dirigeants qui n' ont pas pas senti le vent tourner et qui jouent avec eux, comme sur une variable d'ajustement. Ils critiquent des patrons qui s'augmentent, les actionnaires qui s'octroient des dividendes  alors que leur gestion à courte vue se traduit par des ventes en berne, des licenciements et la fermeture de sites historiques. "PSA : politique au service d'actionnaires", "PSA : patrons saboteurs d'avenirs".
"Cela ne peut plus durer", un rap entêtant et un clip bien mixé (avec les voix d'Arnaud Montebourg et de David Pujadas), soigneusement réalisé par deux autres employés menacés, Seb et DJ Rage qui ont passé six mois à mettre en images les paroles du chanteur. Tristesse, inquiétude, malaise...  Kash parle cash. Aussi direct dans ses textes que lorsqu'il donnait des indications aux six ouvriers qu'il encadrait.  
1000 usines ont fermé sur les douze derniers mois. C'est l'air du temps. "Ca peut plus durer"  : un clip pour éviter un clap de fin.



 

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