dimanche 1 avril 2012

Le tilt shift, un effet qui fait tilt ! Un petit plus pour vos photos et vos vidéos.



"Bonsaï Burma". C'est la vidéo "voyage" du moment. Une carte postale de Birmanie. Mise en ligne fin février, ce clip sur le premier concerto pour piano de Tchaïckovski a rencontré un très beau succès. Et pour cause, son réalisateur, Joerg Daiber a su saisir à merveille toute la beauté de ces temples et l'atmosphère magique de ses paysages. Il a filmé avec son Lumix GH 2 la vie sur ses marchés, la douceur des rives de ses fleuves et l'ambiance des rues en time lapse. Et monté ses séquences sur Final Cut après être passé par After Effects. 
A l'arrivée : de très belles images avec une faible profondeur de champ qui nous montrent les plus beaux coins de Bagan, Mandalay ou Rangoon. On en prend plein les yeux et on s'émerveille devant ses plans où les trains ont l'air de maquettes, où les passants ressemblent à de petits soldats de plomb. Le résultat d' un effet utilisé de plus en plus régulièrement depuis deux ans : le tilt shift. Une mode qui est en train de prendre puisque la plupart des films qui ont fait le buzz ces dernières semaines y ont recours. A l'image du  célèbre "The City of samba"consacré à Rio qui a été retweeté des centaines de milliers de fois.



"La cité de la samba", tourné lors du Carnaval en 2011 et diffusé en février pour annoncer la nouvelle parade de cette année, une perle de Keith Loutit et Jarbas Agnelli deux adeptes du tilt shift qui ont même monté une boite de production spécialisée dans les Small Worlds Projects. Deux pionniers qui se sont passionnés par cette technique qui transforme une foule en collection de petits bonhommes en plomb et une gare en circuit miniature. 


Toute la beauté de ce procédé vient du travail sur les perspectives, la profondeur de champ et la différence de netteté entre les différentes parties d'un même plan.  Pour faire simple : lorsqu'on fait un point très précis sur  une scène et on rend flou son arrière plan ou ses contours, on valorise l'objet placé au centre. Par contraste, celui ci apparaît encore plus net et on a plaisir à l'observer en détails.


Prisé par les réalisateurs en quête de plans larges originaux pour leurs projets personnels, le tilt shift a été repris à la télévision ( certains effets de transition de la rubrique du "Chateau" de Dimanche + sur canal, ont été tournés avec un 5D doté d'un objet spécial ).
La publicité, elle aussi, en a très vite vu tous les avantages. Cette semaine, un célèbre créateur de jeux vidéos a mis en ligne une campagne virale très remarquée pour la sortie de son nouvel opus "Grand Thief Auto IV" mêlant animation et tilt shift.
C'est une tendance de fond comme en témoigne ce spot par Aurora Lab pour promouvoir les énergies renouvelables que j'avais signalé sur LCP  en janvier 2011 et qui fait aujourd'hui figure de référence.



Pour parvenir à de tels résultats, le plus simple est d'utiliser un objectif à décentrement. Un objectif plus onéreux qu'on peut louer à la journée et placer sur son boitier ou sa caméra. Légèrement bombé, il permet d'avoir un point très fin avec des contours flous. Au début, ce genre d'objectif était utilisé par les photographes d'architecture pour corriger les problèmes de perspective et de lignes lorsqu'il prenaient des clichés de monuments.



Difficile à manier, car nécessitant une mise au point très juste, et hors contexte, il donnaient des photos aux bords flous. Pour certains, c'était une source d'erreurs. d'autres y on vu un terrain à explorer et ont joué avec. Avec succès. L'effet hyper réaliste étonnant, on a ainsi vu se multiplier les paysages avec une très faible profondeur de champ dans les expositions. De quoi épater la galerie. A tel point que la technique est devenu un classique. 
Avec la généralisation des appareils "deux en un", capables de faire aussi bien de la photo que de la vidéo, l'astuce a gagné le monde des vidéastes.  Pour ceux que la méthode intéresse. Explications.



Faute de savoir utiliser cet objectif qui demande un opérateur expérimenté ou de pouvoir en acheter un, certains aficionados se sont mis à imiter son rendu de manière artificielle en employant des logiciels de retouche. Soit avec photoshop en enlevant un peu de clarté et en floutant les bords de leur photo soit en montage en mettant un effet blur, "flou", sur le bord de leurs séquences.  Quite à perdre un peu de cadre. Un truc ingénieux mais qui ne trompe pas un oeil avisé puisque ces astuces ne peuvent pas reproduire le rendu progressif d'un objectif à décentrement bombé. Et ce n'est pas en dégradant une image que l'on peut concurencer la qualité de photos shootées avec un bel objectif...



Quoiqu'il en soit de nombreux outils sont apparus comme Tilt Shift Générator qui mâchent le travail pour les amateurs et qui permettent même de créer des effets maquettes sur des plans macros et non plus seulement sur des paysages...


En moins d'un an, le réflexe, si je peux dire, à été pris par les photographes et certaines marques comme Nikon ont déjà intégré ce trucage dans les gammes d'effets à leurs boitiers semi pro pour que les amateurs s'y essayent. A l'autre bout de la chaîne, sur les applications d'échanges et de retouche photo pour smartphones sur Tadaa ou Instagram, on peut choisir d'apposer sur un cliché un filtre qui flotte les contours des photos. On peut ainsi jouer sur la forme du pourtour flou et choisir la largeur de la partie nette.





Le tilt shift est tendance. Utilisé à mauvais escient et mal réalisé, il va peut être finir par lasser. Repris par des réalisateurs de génie, il n' a pas fini de nous faire rêver. L'exemple  de cette pub particulièrement bien faîte pour Réseau ferré de France, une entreprise peu connue chargée d'entretenir les infrastructures ferroviaires est édifiant. En mélangeant des  paysages réels filmés avec un objectif à décentrement, des maquettes, des animations 3 D et en variant les valeurs de plans, Thierry Poiraud nous perd et nous transporte. Comme quoi "Small is beautiful".  

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