vendredi 20 janvier 2012

Fishing under the ice, un film qui ne devrait pas vous laisser de glace


C'est la vidéo de ce début d'année 2012 sur le net. Un film vraiment renversant. Dans tous les sens du terme. "Fishing under the ice"est une  pépite : un morceau de poésie et une prouesse sportive. Juuso Mettälä a imaginé un petit scénario qui donne la pêche : perdus dans le grand nord, deux promeneurs tentent de creuser un trou sous la glace et d'attraper tant bien que mal un poisson. Une pêche miraculeuse dans un univers complètement onirique. Un univers bleu, avec des tâches roses,  jaunes, oranges. Et une lumière extraordinaire qui baigne l'évolution des trois personnages. Avec cet OVNI, cet objet vidéo notoirement immergé et ces prises de vues sous marines superbes, le réalisateur suédois remporte haut la main la palme de l'originalité. 




"Fishing under the ice" est comme une bande dessinée. Une histoire sans dialogue mais avec des bulles. Mais au delà de cette jubilation surréaliste, la prouesse est également "sportive". Puisque les trois hommes grenouilles présents à l'écran, Eelis Rankka, Tommi Salminen et Jukka Pelttari, ont joué toutes les scènes dans les eaux gelées du lac Saarijärvi situé près de Vaala.  Des heures de tournages dans le plus grand froid. Le tout, la tête en bas car toutes les séquences ont été filmées à l'envers, les pieds contre la glace et les yeux vers le fond du lac finlandais. Résultat, des images inédites, rafraîchissantes  qui n'ont été possibles que par le travail de deux plongeurs supplémentaires assurant la sécurité de l'équipe. Car il faut plutôt être adroit pour tourner à l'envers, et chaleureux pour demander à des acteurs d'occasion de rester figés dans une eau proche qui ne dépasse pas 2°. Loin de percevoir ces contraintes, l'internaute ressent juste la joie de ceux qui l'ont fait. 




Pour tourner ce spectacle qui ne devrait pas vous laisser de glace, le réalisateur a utilisé une petite caméra, la Sony HDR SR 11. Un camescope HD doté d' un disque dur de 60 Go qui permet d'enregistrer plus de sept heures en haute définition. Un appareil de prises de vues bien protégé dans un boitier de petite taille en aluminium et en laiton amphibie, waterproof jusqu'à 100 mètres de profondeur. Une housse assez onéreuse mais très pratique puisqu'à l'arrière on peut voir en temps direct les images que l'on filme sur un moniteur. Reste que si ces plongeurs ont indéniablement de la bouteille et si la faiblesse des températures et la maîtrise technique sont réelles, l'allégresse que l'on ressent  à la vue de cette vidéo provient de son atmosphère insolite qui rappelle Alice aux pays des merveilles ou les toiles de Magritte avec un personnage impassible qui tient un ballon qui ne demande qu' à s'envoler et qui finit par couler. On reste bouche bée devant ces bulles qui roulent, qui  dégringolent,  qui montent et qui pétillent. Il n'y a pas à dire Juuso est un réalisateur facétieux, inventif, joueur. Un brin truqueur mais que celui qui n' a jamais pêché lui jette la première pierre. 




La grande force de ce petit joyau à la différence d'autres films tournés sous la calotte glacière, plus culotté, comme le célèbre "on a marché sous le pôle" de Thierry Robert, c'est que pour la première fois on ne se situe pas dans la pédagogie, l'expiration de terres inconnues ou la performance, mais la fiction... La création visuelle et la poésie à la Mélies. Et là, on dit "Mais, yes"!"





La particularité du petit film tourné en Finlande vient du lieu de tournage. Cela faisait des lustres qu'on avait pas vu une telle vidéo lacustre. La plupart des reportages de ce type ont pour cadre le grand nord pour y montrer ses merveilles et faire découvrir des espèces rares capables de vivre avec peu de lumière et des températures extrêmes. La parti pris du réalisateur suédois est plus esthétique avec un travail sur la narration, le récit en images. Il témoigne néanmoins d'une nouvelle tendance, l'apparition de films de plus en plus réussis en HD sous la glace. En 2011, "Deep sea under the pole" diffusé par National Géographic avait fait lui aussi beaucoup parlé. On y voyait des créatures incroyables capables de vivre en milieu hostile par très grand froid. Un témoignage fascinant sur la vie sous la banquise et le réchauffement climatique. De quoi parfois rester amer devant les dangers qui menacent ces mers... Quelque soit l'approche, devant ce spectacle magnifique, le réflexe est toujours le même.  A chaque fois, on se dit que notre planète bleue est belle. La combinaison des ces hommes en apesanteur et de ces eaux transparentes est une invitation au rêve. 

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