lundi 14 décembre 2015

Engage : des agitateurs d'idées, engagés et engageants

          Certains médias conformistes déplorent une crise de la pensée, un repli sur soi. Au contraire, "la vie des idées" n'a jamais été aussi riche de promesses. Avec la crise des élites, l’imagination des nouveaux acteurs du numérique, le développement de l’économie circulaire, l'innovation n'est plus le lot d'intellectuels détenant le savoir. Elle provient de petits groupes de citoyens  qui ne se faisant plus d'illusions sur les politiques, se remontent les manches et essayent de se rendre utiles. En travaillant sur des projets porteurs de sens, en privilégiant l'action concrète, à échelle humaine, ces laboratoires  inventent le monde de demain. Exemple avec Engage, qui organise une soirée de réflexion et d'action environ une fois par mois.


Engage, un mouvement qui associe sens et bienveillance. 
       "C'est là que cela passe !" Je suis à peine arrivé au 45, rue des vinaigriers à Paris qu'une jeune fille souriante, Eva, m'accueille et m'ouvre la porte. "Les Engagés sont au premier étage". 
      Je prends l'ascenseur et  découvre une grande salle lumineuse avec de longues tables en bois massif, des bancs confortables en cuir noir et au mur et  une inscription : "We are social".
        Dans un coin, une cuisine rectangulaire moderne, et tout autour des convives en train de boire un verre, de savourer des quiches, en discutant. Petit à petit, la vaste pièce se remplit. Des jeunes étudiantes charmantes un peu timides, des cadres aux cheveux blancs et aux regard assurés, des patrons de start-ups, des mères de famille, des geeks... Corinne, une juriste dynamique, me présente à deux lauréats des trophées "Global Potential", un prix qui vient de récompenser au Sénat de jeunes entrepreneurs venus du monde rural et des quartiers populaires. Il y a autant de filles que de garçons et l'ambiance  est bon enfant. Des rires fusent un peu partout.

       Engage, un mouvement qui soutient les porteurs de projets porteurs de sens et des initiatives solidaires
Des présents désirables
      Au bout d'un moment, un bel homme à la voix de baryton prend la parole et invite les soixante personnes présentes à s'asseoir à l'autre bout de la pièce sur des fauteuils multicolores. Jérôme Cohen, le créateur d'Engage, détaille alors à l'assemblée la philosophie du groupe. "Notre but est de soutenir des initiatives citoyennes, des porteurs de projets solidaires, des actions qui ont du sens, dans tous les domaines : l'aide aux plus démunis, la démocratisation de la culture, la finance éthique, la protection de l'environnement... Pas de rêver à bâtir des lendemains qui chantent, être utopistes mais agir au présent. Hic et nunc. Ici et maintenant."
     "C'est en étant heureux de faire aujourd'hui qu'on créera un monde harmonieux pour demain. Arrêter de repousser, faire aujourd’hui." complète un participant. Le fondateur de l’organisation souligne aussi son désir d'évaluer chacune des actions entreprises. "Nous souhaitons être dans le concret. Vous allez consacrer du temps, de l'énergie à accompagner un ou des projets, nous vous devons un retour.  Sur les réalisations et sur notre plus-value."
Jérôme Cohen, un des initiateurs de l’aventure d’Engage
        Avant d'entrer dans le vif du sujet, Eric-Axel Zimmer, qui anime la soirée, propose à chacun de faire connaissance en petits groupes et de dire à son voisin ce qui l'a amené à être là ce lundi soir, pour s'investir. Mon voisin de droite, élégant dans sa chemise rose, me confie qu'il a vu récemment une émission de La Chaîne Parlementaire avec Pierre Rabhi et que dans la foulée, il a lu plusieurs de ses livres. "J'ai été  touché par l'histoire du colibri qui durant un feu de forêt croise un singe qui fuit. Le primate lui demande pourquoi, si frêle, il ne s'en va pas vite fait et le minuscule oiseau de lui répondre je vais porter une goutte d'eau pour éteindre l'incendie. Petite goutte par petite goutte, c'est ainsi que se font les rivières et les océans. Je me suis dit pourquoi ne pas apporter ma brique à l'édifice et expérimenter de nouvelles approches comme celui de la sobriété heureuse prônée par le poète agriculteur". 
      Mon voisin de gauche, lui, est moins littéraire. "J'ai vu le film "Human" de Yann Arthus-Bertrand à la télévision avec mon amie et j'ai été sensible à sa démarche". Un peu plus loin, d'autres parlent de la dernière vidéo virale de Nicolas Hulot sur le net ou du "Laudato Si", l'encyclique du pape François, publiée le 18 juin. Des motivations très diverses mais  la même envie de se rendre utile, de ne pas céder au fatalisme ambiant, de se retrousser les manches et "opposer au pessimisme de l'intelligence l'optimisme de la volonté".
Eric-Axel Zimmer,  l’animateur des sessions d’intelligence collective d'Engage. 
Une approche pratique  
        Passée cette introduction visant à rappeler aux participants pourquoi ils ont poussé la porte,  vient le temps du cas pratique. Cette semaine, une sémillante jeune femme, Stéphanie, souhaite proposer à des adolescents des camps d'été pour les sensibiliser à l'action solidaire dès le plus jeune âge : des camps appelés pour le moment, Engage Kids. "Au printemps dernier, j'ai monté sur le modèle des "summer camps" américains un stage d'une semaine autour de la nature dans la ville, avec des jeux, des visites, des rencontres.  Je souhaitais leur donner envie de protéger l'environnement et leur inculquer un réflexe qu'ils n'ont pas toujours : celui d'aider et de penser aux autres. Le tout en anglais, pour faire d’une pierre deux coups et leur montrer que l'anglais ne sert pas uniquement à l'école mais à échanger, à s'amuser. Je voudrais continuer dans cette voie et pouvoir ouvrir ce type d'expérience à des enfants de tous les milieux." 
Stéphanie Ampart, souhaite sensibiliser les plus jeunes à l’action solidaire de manière ludique
Intelligence collective
       Eric-Axel Zimmer, spécialiste de l’intelligence collective, propose de se répartir par groupe de six ou huit et de réfléchir aux contenus de ces formations d'été, à leur périodicité et aux moyens de les rendre pérennes et attractifs. Chaque cercle couche sur le papier ses idées. Tout le monde est sollicité pour prendre la parole et échanger. Même les moins confiants. Les propos sont libres et pourtant les conversations sont loin de celles du "Café du commerce". Les disciplines, les âges, les diplômes, les caractères se complètent.
       "Nous découvrons le projet lors de la courte présentation de la personne qui en a eu l'idée ou nous avons reçu un pitch quelques jours avant" me précise un membre d'Engage. "La plupart du temps, comme nous ne sommes pas des spécialistes de ce secteur en particulier, nous sommes vierges, sans à priori. Nous abordons le sujet avec un regard nouveau, avec nos réflexes, qui de la com, qui de la fiscalité ou des nouvelles technologies". Chacun fait part de son expérience. Une mère de famille évoque des cours de cuisine pour sensibiliser à l'agriculture biologique. Un père plus bricoleur suggèrera la construction d'un radeau pour que les enfants soient dans le partage et fassent une oeuvre collective de leurs mains. Une métaphore pour qu'ils comprennent qu'ensemble, ils peuvent construire de belles choses. Un amoureux de la glisse recommande de s'inspirer des actions de la « Surfrider foundation » ou de l'association « Mountain riders », autrement dit, attirer les adolescents par le biais d'activités "fun" comme le surf ou le snowboard puis une fois qu'il y ont pris goût et qu'ils aiment leur lieu de villégiature, leur proposer des opérations de ramassage de mégots dans la montagne ou de plastiques sur les dunes.
        "Le charme de ces échanges réside dans leur bienveillance, avoue une habituée. Chacun apporte ses compétences. Nous sommes dans le partage. Nous  apprenons de ceux qui ont plus de connaissances que nous sur un point donné. Les séances durent trois heures, pas une minute en plus.  Nous  ne sommes pas là pour nous disperser en querelles d'égo. Le  seul enjeu ici est d'apporter un maximum de conseils pertinents au créateur. Tout le monde a un savoir ou un savoir-faire qui peut lui rendre service".
Une méthode, des priorités, du concret.
Conseils et contacts : favoriser le partage 
           Lors de la restitution de son petit groupe, la benjamine, Cordelia, étudiante au Celsa, conseille d'utiliser un logiciel qui retranscrit de manière dynamique la logique du cheminement de chacun groupe. Certains prennent des notes pour ne rien perdre. Au cours de la soirée, plusieurs thèmes seront abordés. "Qu'est ce qu'on pourrait y trouver?", "Comment financer ces camps de jeunes ?", "Comment  les faire connaître ?". Une fois un aspect exploré, les participants se déplacent, vont à une autre table, découvrent de nouveaux visages, recherchent en fonction de leur expérience les moyens les plus appropriés pour faire décoller le projet et contourner les écueils les plus évidents. Ils les listent par ordre d'importance et dévoilent aux autres leurs conclusions bien souvent inattendues.

          "Pour nous, porteurs de projets qui sommes souvent la tête dans le guidon, affirme Stéphanie, c'est un plus. En trois heures, nous récoltons de quoi nourrir notre projet pour longtemps. Ces conseils font du bien. On imagine discrètement notre projet dans notre coin et, tout à coup, on a plein de nouvelles pistes qui s'ouvrent à nous. On reçoit des encouragements qui nous boostent." Des participants viennent alors lui dire qu'ils peuvent donner des coups de main, qu'ils désirent faire partie de l'aventure car l'idée les séduit ou qu'ils ont des contacts qui pourraient être sensibles à sa démarche.


Partager ses connaissances, ses contacts, conseiller en fonction de son expérience, faire preuve de bon sens.
      "Nous n'avons pas la prétention de refaire le monde. Nous ne sommes pas dans les grandes paroles. Nous voulons être aux cotés de ceux qui osent, de ceux qui créent sur le terrain. Nous sommes des créateurs contributifs, des dream makers" précise fièrement Jérôme Cohen, le créateur de ce laboratoire qui a su fédérer en un an des centaines de bonnes volontés. Pour l'instant, le nombre de projets n'est pas encore significatif. Néanmoins, avec le boom de l'économie collaborative, les changements de comportements liés à l'arrivée du numérique, ces initiatives spontanées pourraient façonner un nouveau paysage.  Tentative après tentative, essais  après essais, des pistes émergent. Pour Eric-Axel Zimmer, cela contribue au "mindset shift", au changement des mentalités.
Acteurs du changement
      On a, au mois de septembre, beaucoup entendu parler de la crise des intellectuels, d'un repli sur soi, d'une absence de réflexion. Les quotidiens, les hebdomadaires, les journaux télévisés ont déploré les prises de positions déconcertantes de penseurs, de figures omniprésentes dans les médias qui publient livres sur livres et qui sont réduits à sortir des petites phrases pour vendre leur dernier ouvrage. Leur point commun : avoir près de 60 ans, réfléchir avec des modes de pensée issus du XXème siècle, un temps où les hommes politiques impulsaient encore le changement et être désespérément coupés des réalités.
Comme Jean-Gabriel Ganascia, les intervenants sont touchés par ces citoyens qui osent s’engager pour les autres.
         C'est une erreur. Il existe de nombreuses personnes qui réfléchissent, se mobilisent, sur le terrain, sans polémique. Et tentent de proposer des alternatives, expérimentent. A Engage et dans d’autres structures qui se multiplient, on sent de l'énergie, de l'inventivité et de l'envie. Un souffle positif. On y trouve des jeunes et des moins jeunes qui ne ressassent pas, n'ont pas envie d'être aigris et essayent d'imaginer d'autres voies. Hors des sentiers battus, sans gourou, loin des discours politiques convenus et dépassés. Ils ne croient plus aux promesses, aux partis devenus de simples tremplins pour des carrières solitaires. En quête de sens, ils s'investissent. Autrement. lls échangent et créent, en silence, à l'écart des radars médiatiques. Ces mouvements ni de droite, ni de gauche, simplement citoyens, ne délèguent pas leur pensée, en reprenant  des concepts martelés par d'autres, en d'autres temps.
      Ces nouveaux acteurs cherchent à leur manière par le biais de rencontres créatives à faire émerger des idées concrètes, à échelle humaine. Une intelligence collective. 
Gilles Babinet, une sommité des univers numériques distillant ses connaissances aux membres d'Engage.
         « Notre mission, c’est de mettre en mouvement la société civile ». avance Jérôme Cohen. "Nous allons créer une Engage University, pour donner à chacun la capacité et l’opportunité d’agir, en se développant personnellement, en enrichissant ses connaissances. Ces membres seront libres de s’orienter vers les domaines qui leur tiennent le plus à cœur mais ils auront ainsi les outils pour contribuer au changement."
       L'espoir est là. En 2015, les idées foisonnement. L'apparition et la multiplication de ces laboratoires citoyens qui sont animés par la recherche du résultat, et portés plus par l'enthousiasme que la peur, est un fait majeur. Un vent nouveau se lève. Assister à cette dynamique est encourageant, exaltant. Y prendre part est une cure de jouvence.

La prochaine session  « Engage Camp » consacrée à l’Education aura lieu lundi 14 décembre
 de 19 h 30  à 23 h 00.

au CRI - Center for Research and Interdisciplinarity
8-10, rue Charles V, 75004 Paris
Pour plus de détails

https://www.facebook.com/events/1763486007214348/

dimanche 22 novembre 2015

Bleu, blanc, rouge. Paris, ville des Lumières. Hommage aux victimes du 13 novembre.




Mercredi dernier après les fusillades de Saint-Denis et Paris,  ayant envie de prendre l'air, je me suis promené seul dans la capitale.  Je suis parti avec mon appareil et mon pied et au hasard de ma pérégrination,  en regardant les monuments du sixième, du septième, du huitième et du quinzième arrondissement,  j'ai eu envie de rendre hommage à ma manière aux victimes du 13 novembre. Une façon d'exorciser et répondre par la beauté et le rock aux obscurantistes. 


Après les attaques terroristes de vendredi dernier, Paris s'est parée pendant trois jours de bleu, de blanc et de rouge. En affichant fièrement ses couleurs, en rappelant ses valeurs  de liberté et de fraternité. Paris a réaffirmé haut et fort que notre pays à la culture millénaire ne se laisserait pas impressionner. Une invitation à s'engager. La réponse sera artistique, citoyenne : multiple, positive, constructive. 


De la lumière et des couleurs au coeur de la nuit. Bleu, blanc, rouge. Tout un symbole. L'espoir. Républicain. Il est important de montrer notre attachement à nos principes fondateurs. Tout simplement en continuant à vivre comme avant, en nous rendant dans les stades, dans les bars : des lieux de partage et du vivre ensemble. Des endroits pour échanger, discuter. 





 


Etre prudent, vigilant, oui. Céder à la psychose. Changer notre manière de vivre reviendrait à donner raison aux terroristes qui n' attendent que cela et leur donner envie de continuer. Cela serait abdiquer devant une poignée d'illuminés. Qui réfléchissent avec un Coran alternatif. Et tiennent des propos digne d'une Dashetterie. 


Ce ne sont pas des amis ou des inconnus que l'on enterre mais des graines que l'on met en terre. A nous d'honorer leur mémoire en faisant que d'autres ne suivent pas l'exemple des auteurs de ces fusillades criminelles. A nous de vivre ce qu'ils auraient aimé vivre, ce qu'ils auraient aimé qu'on vive. 






La Tour est frêle mais ne rompt pas. Il faut se tenir debout. Ne pas se laisser dicter notre conduite. Dans kalachnikovs, il y a lâche. Soyons courageux. On a beau avoir des bleus à l'âme, voir rouge, il ne faut pas donner des blancs-seings liberticides.  






Belles réactions que ces projections. Au lieu de s'éteindre Paris, ville des Lumières, a choisi de célébrer la vie face à ceux qui   propagent la mort et fédérer autour de ce qui nous rassemble  : le drapeau tricolore, la Marseillaise quand les djihadistes cherchent à diviser. 



Mardi soir, en faisant mon footing, je suis tombé au pied du plus célèbre monument parisien sur un pianiste qui interprétait "Imagine" de John Lennon et "La Marseillaise". Davide Martello, seul avec son piano tagué d'un immense signe "Peace et Love". Au milieu de la foule. Quelques airs improvisés et des frissons. Une émotion incroyable.




Cet artiste allemand que l'on avait découvert à Istanbul en 2013 en train de jouer place Taksim, à Donesk en 2014, qui n'hésite jamais à se déplacer quand les libertés vacillent, était là en train de jouer entouré de passants et de touristes. 


Vertigineux. Un scénario inimaginable. L'art pour réconforter, pour inspirer

Photo iphone Paris le 17/11/ 15 
Photo iphone Paris le 17/11/ 15


lundi 5 octobre 2015

A la poursuite de la lune rouge : full moon party in Paris


        La tête dans les étoiles et les pieds sur Terre. Le dernier week-end de septembre, dans la nuit du 28 au 29 entre 4 h 11 et 5 m h 23, un phénomène rare : une éclipse totale de lune. La Terre passant entre la Le Soleil et la Lune, celle-ci, cachée, ne reçoit plus de lumière. Elle devrait s'assombrir, disparaître complètement. Au contraire. Elle resplendit.

     Eclairée juste par la diffraction des rayons solaires qui traversent notre atmosphère, elle se pare d'orange, de roux, de rouge brique, des couleurs dignes des plus beaux  couchers de soleil. Un spectacle que les amoureux de la nature ne manqueraient sous aucun prétexte. Coucher avec la Lune et les astres au dessus de la tête vaut bien tous les hôtels cinq étoiles du monde. Ce soir là, certains anglo-saxons parlaient à juste titre  de "One million stars hôtel".


                                             


         

                         

     Toujours à l'affût, je me suis éclipsé dans Paris avec mes rollers, mon Lumix GH3 et j'ai pris mon pied.  J'ai passé une "nuit blanche  à poursuivre une lune rouge " qui n' arrêtait pas de se déplacer. Tantôt au sud, tantôt à l'ouest : insaisissable. 


        


                                         

         

     Je suis parti filmer la lune et je suis revenu des étoiles plein les yeux. J'ai ramené de cette éclipse quelques clips amusants. Une petite ballade dans la capitale, sur les quais et aux abords de la saute de la liberté qui ne pas laisser de marbre. Une fantaisie à la hauteur de cette atmosphère. 


                                         
                          

      Profitez : un tel événement ne se représentera pas avant l’an 2033 ! Curieux et photographes s'étaient donnés rendez vous. Avec un objectif ( plusieurs pour ma part notamment le Panasonic Vario 100 - 300) : tenter de retranscrire en images l'émotion de ce moment privilégié. Ambiance full moon party ou fool moon party, c'est selon. Pour moi, c'était "cool moon party". 





mercredi 24 décembre 2014

Joyeux Noël et bonne année 2015. Fini de faire l'épître, il est en temps d'entrer en Cène.



Une année s'achève, une autre commence.
Avec plein de rires et de sourires. D' aventures et de rencontres..
2014 aura été riche en découvertes et en surprises.
Culturelles avec un périple extraordinaire en Ouganda qui m' a permis de retrouver ma vraie nature. "Gare aux gorilles", m'avait-on dit. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces, j'ai pris un immense plaisir à observer chimpanzés et autres colobes collocs.  Sans oublier un super trip à Valdez en Alaska, où j'ai eu le bonheur de descendre les plus belles faces de la planète.  La dernière frontière, le rêve de tout skieur. Un souvenir inoubliable. Au pays des gros 4X4, j'ai rencontré des Américains sportifs qui, si je peux motoriser, ne prenaient pas leurs V6 pour des lanternes et qui étaient toujours partant pour dévaler des pentes gavées de poudreuse. Impossible de rester de glace devant de tels paysages. 

                        

Lyriques avec le magnifique récital Bartoli consacré aux compositeurs russes du XVIIIème siècle, la baroque star qui a cassé la baraque au Théâtre des Champs-Elysées.  Comme souvent avec elle, la magie opéra. Une générosité à la hauteur de son immense talent. Bienvenue dans le tsar système. 
Rock aussi avec un festival Solidays bien arrosé, avec plein de concerts géniaux jusqu'à point d'heures mais quand on M, on ne compte pas. Quand De la Soul est en scène, plus rien ne soule.
Joies sous-marines aussi, avec de jolies plongées pendant les vacances à un moment où tout le monde bulle. Le tuba de l'été. Une chouette expérience pour me remettre à flot avec des profs qui avaient de la bouteille et qui n'auraient pas fait tache sur le tableau  des palmes académiques. Je n'ai pas jeté l'éponge et je sais maintenant quel est le point commun entre un clown et Cousteau : ils ont tout deux un beau nez rouge. Désolé. On se fait l'abysse quand même ? 

                         

Délices gastronomiques également avec une dégustation qui ne manquait pas de sel, mixant cognac et caviar Petrossian, du poisson pas né d'une grande finesse, exquise fête au Palais. 
Télévisuelles avec une Coupe du monde en 8 K.  Un Mondial où on a vu des Brésiliens qui auraient du mouiller le maillot et qui l'ont malheureusement souillé. Emmenés par un leader qui aurait mérité un Cesar que dis-je un Oscar de la poisse, les coéquipiers de Thiago Silva ont été  balayés par une Lahm de fond. Ils ont trouvé porte Klose face à une équipe allemande déchainée. A tel point que leur capitaine est allé jusqu'à dire "J'en Neymar, je me tire". 
Après nous avoir mis l'eau à la bouche, en venant à bout de la Selecao, nos voisins d'outre-Rhin grisés par le Boateng sud américain ont vaincu en finale une belle bande de gauchos argentins qui leur avait cherché des Kroos. 

                        


A ce jeu, les Français ont fait mieux que participer, avec un très beau match face à des Helvètes remontés comme des coucous.  Ils disaient qu'ils nous Valais bien ; force est de constater qu'ils ont eu de petits problèmes d'Emmental. On a même parlé du trou de Bâle. 
Des satisfactions professionnelles avec de multiples aller-retours à Bruxelles pour préparer les élections européennes. Un train-train hebdomadaire entre flamands roses de plaisir et  wallons enfants de la patrie.  Certains m'avaient prédit la Thalystérie. Mais à l'arrivée, dans la capitale belge   peu de brèles au rendez-vous. Pas de prise de choux à Bruxelles. Bien contraire, je n'ai vu que des Namur. Ambiance Maneken peace and love. 


Des surprises politiques avec le retour de celui qu'on n'attendait plus à la tête de l'UMP, voilà que Sarkommence. Si sa femme manque de voix l'ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy lui en a eu beaucoup. 
Faut rester Lucide, comme l'écrivait Corneille. Mais force est de constater qu'en lieu et place du changement, on est en train de prendre Racine et que François Hollande, amicalement se vautre. 
2014, le temps des découvertes sportives avec la route du Rhum avec des skippers, partis sur les traces de l'héroïque Tabarly, prêts  à faire les marins même dans les pires conditions, sombres héros de la mer. Tous les chemins mènent au Rhum mais après tant de déferlantes, et de rhumes, effet mer bien entendu, ils ont bien mérité la brise à l'arrivée. Le spectacle des Océans,  assis sur son céans n'a rien d'amer. 

                            

Des plaisirs littéraires avec un Goncourt de circonstance. Un sacré Salvaire pour Fleur Pellerin qui a peu de temps pour lire et qui a du se mettre à la page. 228 pages. Faut pas pleurer, il y a pire que lire l'auteur des Belles Ames. Il y a eu le livre de Valérie Trierweiler qui a règlé ses comptes avec son amant infidèle et ses amis socialistes. Avec une phrase incroyable : "J'ai osé défier cette bande de coqs qui rêvait de pouvoir sans y être préparés". "Bande de coqs!. On sait aujourd'hui qu'en amour, le "q" peut se transformer en "n". Merci pour ce moment, merci pour ce "comment".
Mais l'année a été marquée par des retrouvailles familiales avec un passage éclair à Biarritz chez mon cousin, Edwin, qui m'a servi de pilote basque aux fêtes de Bayonne aux avirons de la fin juillet. Heureux et détendu, son paradis l'atteint. 

                          

Des moments de fous rires pour finir avec Nabilla, qui a subitement poignardé son amant. Un amoureux étonnant, une belle lame,  qui a eu cent doutes, trop de maux à penser. C'était  la première fois que deux pains de plastique rentraient en prison cette année. Elle voulait apparaître sympa, elle fera désormais les cent pas entre quatre murs. Murmures. Jean-Paul Gauthier l'avait pris pour muse, pas sûr que cela l'amuse encore. 
Des moments de saine indignation. Avec le lancement de la ZAD du Ciron. Une zone humide précieuse menacée par le projet de ligne TGV Bordeaux-Dax.  Le goût des vins liquoreux de Sauternes et de Barsac est lié à l'apparition à une brume matinale générée par les eaux froides du Ciron. C'est ce brouillard qui donne au jus de  raisin sa concentration en sucre et son arôme spécifique. Il en va de la survie du trentaine de grands crus classés. Une folie. Lors de son repérage, le gars des réseaux ferrés de France devait Ciron après le repas qu'il a confondu la carte IGN  et la carte des vins. Dans sa hâte, lia poussé le bouchon un peu trop loin. Manquant de bouteille,  il a été sur le coup aussi sot que terne. Heureusement, si on se mobilise à temps son projet tombera en carafe. Sachons raisin garder.

                                    

                                          

J'espère que l'an prochain on aura tous plein d'histoires à se raconter. D'émotions à partager. 
En fin d'année, le poète japonais en a parfois plein l'haïku. Mais rien ne nous empêche de balayer les horizons funèbres et nous projeter en rêvant de châteaux en Espagne. (Si c'est du bon Rioja ou un joli saint-Estèphe, il n' y a pas de mal… Si c'est un whisky irlandais, l'Eire de rien, cela peut même faire Dublin.)


Joyeux Noël. Si vous aimez faire l'épitre, c'est le moment rêvé pour entrer en Cène.  Meilleurs voeux à vous pour 2015. Bon réveillon. Vive les fous curieux ! Que votre volonté soit fête...
Toujours atteint de ma folie des grandes heures, et des télés féériques, je pars tutoyer les sommets avec mes poètes poètes, direction le Cervin,  l'Italie et la Suisse. Faut ski faut. La neige est là  : flocon en profite.
En attendant de m'envoler en février en Himalaya... Comme on dit "Indien vaut mieux que deux que tu l'auras", je prévois de caresser le Cachemire avec mes spatules.