vendredi 16 mars 2012

"Le slip français" et ses campagnes culotées


C'est la fête du slip. Encore inconnue, il y a quelques semaines, une petite marque de sous-vêtements made in France est en train d'exploser grâce à des campagnes virales plutôt culotées. Grâce à une petite parodie originale du clip de campagne de François Hollande mise en ligne le 8 mars dernier, "Le Slip Français" bénéficie maintenant des faveurs des médias. A peine 26 000 vues sur You tube mais des reprises partout. Sur les grandes chaînes hertziennes (Canal Plus, France 2), les radios nationales (RTL, Europe 1 ) et la presse spécialisée avec des titres réputés comme "L'entreprise" ou "Stratégie". Même la très sérieuse LCP en a parlé.


 
 
 Cet excellent buzz  s'explique avant tout par un bon tempo. En période de campagne, les médias rendent comptent  des meetings, décortiquent les programmes des prétendants, vont un peu partout en France pour connaître les aspirations des électeurs. Mais ils ne rechignent pas à détendre un peu l'atmosphère avec des perles souvent dénichées sur internet. De fait, l'entreprise a bénéficié d'un coup de phare lié à la campagne. Créée en septembre dernier, la société a su créer le buzz et profiter de la forte attention portée sur les élections.


Dès sa création en septembre 2011, "Le slip français" dont les ateliers sont basés en Dordogne s'est fait l'apôtre du "made in France". Avec son logo en forme de cocarde, ses coloris bleu-blanc-rouge, la société  qui fabrique ses collections à Saint-Antoine-Cumond a rapidement compris qu'elle pouvait tirer profit du débat sur "le produire et acheter en France" lancé cet automne par François Bayrou. L'entreprise s'est engouffrée dans la brèche et surfe depuis sur la vague des élections. Attention l'orthographe. Elle ne manque pas d'air.


 "On avait envie de s'amuser avec la campagne présidentielle, raconte Guillaume Gibault, le jeune entrepreneur de 26 ans à l'origine du projet. On a transformé toutes les affiches des candidats en ajoutant le mot slip dans les slogans. Depuis, le nombre de visiteurs du site a été multiplié par deux. " Un grand boom lié à la mise en ligne. Bien que la société brandisse l'étendard des sans-culotes, vidéo slip n'a rien de révolutionnaire : manque de rythme, images trop compressées, mixage à l'arrache. Mais le clin d'oeil a tout de suite fonctionné, correspondant parfaitement à l'air du temps. Comme quoi on peut avoir un budget pub réduit et "boxer", si je peux dire, dans la cour des grands.


"Le slip français", c'est l'histoire d'un jeune qui ne manque pas de culot. Au lieu de se tourner vers la finance ou le marketing comme la plupart de ses condisciples, Guillaume Gibaut, tout juste sorti d'HEC envisage de créer son entreprise à la sortie d'HEC. D'entrée, il se positionne haut de gamme et mise sur le savoir faire d'un atelier spécialisé dans la maille, un peu rétro.
 Bien lui en a pris. 5.000 exemplaires de ces dessous chics et un brin rétro ont déjà été vendus. Pourtant, à 20 euros l'unité, l'objet n'est pas donné... " Un caleçon Calvin Klein coûte plus cher, commente Guillaume Gibault. Et 28 euros pour du fabriqué en Chine, c'est beaucoup ! "



Pour ce jeune diplômé  en 2009, le made in France n'est pas l'unique argument de vente. Il se dit persuadé que tout peut se vendre à condition de savoir y ajouter le storytelling nécessaire. " La marque est née d'un pari avec un ami. J'étais en train de travailler sur un autre projet : le développement d'une marque de bagages entièrement fabriquée par des artisans français. J'ai voulu lui prouver qu'en racontant une bonne histoire, ça pouvait marcher. "Il est autant dans le savoir faire que le faire savoir.



L'histoire du "slip français", c'est un mélange subtil d'humour, de fierté franchouillarde et de qualité appliqués à un produit décalé. D'habitude, lancer une ligne de sous-vêtement est toujours assez coton. Ceux qui s'y risquent, ont vite fait de se retrouver en caleçon tant les coups sous la ceinture et les concurrents sont nombreux. La célèbre Zahia en sait quelque chose. Le marché du slip a beau représenter 250 millions d'euros, soit un tiers de la lingerie masculine vendue. C'est un marché glissant. Il ne faut pas oublier que to slip en anglais signifie glisser.
En jouant sur le 2.0, Guillaume, conquérant, s'est vite fait un nom. Faute de pouvoir bourse délier, il a joué le buzz et il est en passe de ramasser la mise. Car il n'entend pas s'arrêter là puisque cet as du détournement aimerait bien proposer à Jean Dujardin ou Romain Duris de devenir l' égérie de la marque. 





Attention, le pari du haut de gamme n'est pas pour autant gagné. Notoriété ne signifie pas vente assurée...  Les Français dépensent seulement 25 euros par an pour leurs sous vêtements. Soit environ cinq modèles puisque la plupart de nos compatriotes achètent des lots de plusieurs pièces, pas chers. Guillaume Gibaut espère inverser la tendance. Ne dit-on pas "Si l'amour est aveugle, pourquoi les marques lingerie sont-elles aussi populaires?"Batman met bien un slip sur son pantalon...


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