samedi 25 février 2012

Les Red Hot Chili Peppers sortent un clip qui arrache. Retour sur les vidéos interactives et la création 2.0




"Ajoutez un peu de piment à vos films... Ajoutez y de l’interactivité." Tel semble être le maître mot du mois. A l'image du dernier clip des Red Hot Chili Peppers qui arrache, la tendance est depuis quelques temps à la vidéo enrichie. La vidéo 2.0 :  celle dont vous n'êtes pas seulement  spectateur mais acteur.  Pour faire la promotion de leur dernier titre, les rockeurs ont imaginé un film à la carte, un film dont vous êtes le réalisateur. Vous ne savez pas piloter des caméras à distance, vous n'avez pas de script, vous ne connaissez pas le travail en régie? Peu importe.


 Au départ quand on regarde le spot des stars américaines, rien de bien normal, « Look around » se présente comme un clip classique où l'on voit les musiciens jouer chacun de leur instrument. Mais quand par magie, on passe la souris sur l'écran ou quand on clique sur une icône ( pas le chanteur, un logo), d'infinies possibilités s'ouvrent à vous.
Vous pouvez zoomer dans l'image pour aller chercher un détail. A l'instar d'un assistant réalisateur, vous pouvez fureter sur le plateau  et regarder ce qui se passe  à droite ou à gauche. Vous avez envie de passer d'une pièce à l'autre, d'un musicien à l'autre, qu' à cela ne tienne. En tout, quatre points de vue sont disponibles, libre à chacun de pianoter et de faire sa propre captation depuis son clavier d'ordinateur... Ludique mais instructif aussi puisque d'un simple geste, vous avez accès aux coulisses du tournage ( au choix des ambiances, de la décoration ou des photos et même découvrir des clichés insolites).
Une belle trouvaille de Robert Hales, réalisateur  anglais à succès qui a déjà reçu le MTV Vidéo Music Awarden 2006  pour son clip Crazy de Gnarls Barkley et qui mérite rentrer dans le Hall of fame du rock...


Dans le même esprit, au même moment, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue a dévoilé sa dernière campagne interactive de prévention. Un court métrage de deux minutes qui montre l'envers du décor des petits trafic de drogue qu'on évoque la plupart du temps en souriant.


Là aussi, au premier abord, on est devant un spot de pub classique. Ambiance polar. Mais cela ne s'arrête pas là. Quand on regarde le clip sur le site dédié à cette opération de communication, en cliquant sur des petits oeillets blancs, au fil de la lecture des coupures de presse apparaissent relatant tel ou tel fait divers récents. Des rappels historiques pour rappeler  le caractère bien réel des scènes joués par les acteurs. Une machinerie stupéfiante. Innovante...



Le film réalisé par Julien Trousselier et mis en ligne sur YouTube le 13 février 2012 avait pour objectif de toucher les internautes concernés sans les mettre en pétard par le biais d'une fiction policière.  Et de manière subtile créer le buzz pour distiller de l'info via des tchats, une fois la souris passée sur les bulles d'aide. Un bon moyen pour répondre à leurs questions et évoquer avec eux certains aspects peu connus de la consommation de drogues notamment leur impact sur la santé,  l'environnement ou la vie scolaire. Avec une préoccupation : éviter qu'une simple activité récréative devienne une addiction et qu'à moyen terme des jeunes finissent shootés. Dans tous les sens du terme. Bref empêcher qu'à force d'abuser des rails, ils déraillent.


Une belle création mais pour moi, la meilleure réalisation reste une campagne de lutte contre l'alcool qui montre ce qui ce passe en soirée quand on boit trop. Dans un scénario traditionnel, on sympathise plein de compagnons beaux et intéressants, mais quand on pousse un peu trop le bouchon, les coulisses sont parfois moins glamour. Dans la réalité, on est parfois confronté à de mauvaises rencontres ou de mauvais trips. Cette animation en flash est un pur chef d'oeuvre. Il suffit d'un clic juste pour voir surgir la face b de la romance d'une soir.


Bien souvent on n'a pas conscience de son comportement quand on a bu. Même quand on a de la bouteille. De fait grâce à cette très belle réalisation danoise, bourrée de talent, on découvre que ce n'est pas toujours glorieux. 
La médaille a parfois un revers. Voici les deux faces du film.

   

Voici les deux réunies dans une animation qui reste une référence. Imaginée par une compagnie de bus néerlandaise, Movia, qui propose des bus de nuit elle n'a pas fini de me transporter. Une version vous pouvez trouver sur byturen.com. Véridique.

vendredi 17 février 2012

"La France forte", ça l'affiche mal : les multiples détournements du slogan de Nicolas Sarkozy



Jeudi 16 février 2012. Boulogne. Sur le plateau de TF1, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, annonce lâche une phrase pour le moins inattendue. "Oui, je suis candidat à l'élection présidentielle". Enorme coup de théâtre. Enfin presque.... Depuis une semaine, tout le monde connaissait l'adresse de son QG, le nom des membres de son staff et même son slogan de campagne. Et quel slogan. "La France forte", une formule soigneusement choisie. Une expression courte, pêchue, axée «davantage sur le pays que sur la personne du candidat» et «censée incarner une France qui, malgré la crise et l'enlisement de nombreux pays européens, n'a pas ployé durant le quinquennat». Ouah ! Une astuce pour ne pas attirer l'attention  sur la personnalité du candidat dont la côte d'amour n'est pas au plus haut et qui se comprend comme un défi à François Hollande présenté à contrario comme le tenant de la gauche molle.  



La formule répond à merveille aux règles d'or de la pub, aux légendaires 3 C cités dans les grands manuels de marketing : clair, court, cohérent. Aussitôt connu, ce choix est critiqué. Les spécialistes ont tout de suite reconnu un slogan employée par ... son adversaire, Ségolène Royal en 2007. "Plus juste, la France sera plus forte." Plus question d'être juste, simplement d'être fort. Un oubli qui en dit long, signe des temps...  



La formule imprimée sur fond rouge, sur fond bleu n'aura pas porté chance à la présidente de la région Poitou Charente.  Ni à celui qui l' avait utilisé avant elle, un autre président sortant... battu, lui, en 1981. Dans un  contexte de crise économique difficile,  Valery Giscard D'Estaing avait en effet fait campagne avec un slogan  original à l'époque «Il faut une France forte». Une dramatisation anxiogène et un appel du pied à celui qui devait apparaître comme un sauveur dans la tempête. Une référence à la France éternelle que le Chef de l'Etat est censé représenté et qu'il incarne depuis le début de son premier mandat. 


Résultat, le 21 mai 1981. 48% des voix au deuxième tour. Et une défaite cinglante pour le locataire de l'Elysée. Il n'en fallait pas plus aux chroniqueurs pour se moquer de "ce slogan de l'oser"et du manque de culture politique de communiquants  payés à prix d'or. Autant utiliser un "sloganiseur", une machine qui fabrique aléatoirement des formules choc à base de mots clés comme "courage", "action", "ensemble", "unis"...


  A croire que le candidat-Président n'est pas superstitieux. Et que ses conseillers qui travaillent sur ses plans com sont un peu légers.

En principe, le B.A.BA du métier est de vérifier si la formule n' a pas déjà été enregistrée. La base. Seuls des amateurs n'y pensent pas. Ce n'est pas le genre de piège dans lequel peuvent tomber les pros du Château. Le chef d'Etat est un ancien avocat d'affaires, bien au fait du droit des marques... Et dans son entourage, on ne compte plus les énarques, les Normaliens et les anciens élèves d'HEC... Autant dire des têtes bien pleines et bien rémunérées. Pas de risques de ce côté là.

Enfin, c'est ce que l'on aurait pu imaginer. Laurence Henriot, une consultante en communication et en management avait déjà déposé le slogan "La France forte" le 14 janvier 2002 à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI). De fait, cette jeune femme qui donne des cours à l'école de communication visuelle est aujourd'hui la seule à pouvoir utiliser "La France forte" pour des affiches et des tracts. Que cela soit pour des pubs, des études d'opinion, l'experte de la Rue de la Pompe dans le XVI ème arrondissement de Paris est la seule habilitée à employer la formule. A moins qu'elle ne la cède contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Chapeau les gars ! Ce n'est pas grave : ce n'est pas vous qui payez ! Mais, c'est qui au fait? Les frais de campagne sont remboursés aux candidats s'ils font plus de 5 %. Du coup, ce ne serait pas? Si, si, c'est nous. Au bout du compte.



A peine son interview avec Laurence Ferrari terminée, Nicolas Sarkozy a lancé son site de campagne Lafranceforte.fr et dévoilé son affiche.  On retrouve le candidat de profil regardant droit devant, mûr, sûr de lui. Dans son dos, un ciel bleu foncé et une mer calme. Une silhouette rassurante qui fait penser à celle de François Miterrand posant dans les mêmes conditions en 1988. Même composition, mêmes teintes. Une présence réconfortante qui correspond bien à l'image qu'on se fait d'un président gardant le cap malgré les intempéries. Il a une vision, il pointe la direction à suivre. 



La mer en fond symbolise le mouvement. Elle magnifie le charisme du héros, du commandant que rien ne fait vaciller. Déterminé. Rassembleur. Un pied de nez à son rival socialiste que Mélenchon décrivait en octobre 2011 comme un capitaine de pédalo. En ces temps de crises, crise de la dette, crise de l'euro, l'objectif  des publicitaires était de montrer que le pays est bien conduit d'une main ferme.


Seul problème : la photographie utilisée pour l'affiche n'a pas été prise en France, comme on aurait pu le supposer mais… en Grèce. Le paysage marin en arrière-plan du visage du président de la République n'est autre que la mer Egée. Quand on vante le made in France, la France forte qu'on est le chef d'un pays qui compte 1948 km de cote et quelques unes des plus belles plages d'Europe, cela fait désordre. 


Mer du nord? Manche? Golfe de Gascogne? Tout le monde se demandait quel était le littoral derrière le président sortant. Le dernier mot est revenu à Jean Saurien, alias @schloren. L'internaute a récupéré le cliché sur le site du Figaro et s'est penché sur la signature numérique du fichier source. Un coup d'oeil sur les données EXIF de l'image d'origine, sur son nom et sa provenance et quel ne fut pas son étonnement de découvrir que le cliché provenait d'une banque d'images privées Tetraimages et que son titre libellé en anglais était "Greece, clouds over Aegean Sea". Afficher la Grèce comme référence, ça la fiche mal,  à un moment où notre partenaire est au bord de la faillite et que le Pirée est devant elle. AAA !!!



Entre les ratés du slogan, sa photo mal choisie, l'affiche est devenue en quelques heures l'objet de multiples détournements. Les premiers ont joué sur les mots. La France forte s'est rapidement transformée en France Morte. Une lettre vous manque et tout est dépeuplé. On aime ou on aime pas... Ce n'est pas pire que La France Farte avec un grand marin en premier plan, le surfeur du net : Brice de Nice...


Lettres ou le néant. Autre jeu de mot : "La France frotte" comme pour signaler qu'il fallait passer l'éponge sur les erreurs du passé. 



D'une blague à l'autre, les facétieux ont tout de suite fait le rapprochement avec la saucisse de Franckfort. Le président ne jurant que par le tandem franco allemand et le modèle social d'Outre Rhin, les allusions à la cuisine germanique et la choucroute n'ont pas tardé.  Les rigolos en ont fait leurs choux gras...



De Franckfort à Franc fort, les souverainistes qui n'ont de cesse de critiquer le rapprochement avec la Chancelière et notre faible marge de manoeuvre budgétaire  ont sauté sur l'occasion. 


En quelques heures, la création de l'Elysée, objet de nombreuses retouches sur Photoshop, est devenue un "meme" à l'image de l'homme nu de La Redoute, habillé pour l'hiver. 



Cela l'affiche mal... Les parodies pullulant, les jeunes socialistes ont monté un site au nom ironique : mafranceforte.com. Ils y ont posté dès le lendemain de la déclaration officielle des dizaines de détournements. 

  Les militants à la Rose se sont défoulé reprenant avec férocité  l'image du capitaine à la dérive, de son bateau et de son philosophe préféré. Un quart Ferry et trois quart d'eau.  


Sans pitié, ils s'en sont donné à coeur joie, venant à lui souhaiter du repos et des vacances méritées. Avec le sourire. "Même si les retoucheurs ne croient pas tous Hollandemains qui chantent, la plupart ne veulent pas que Sarkommence..".

















La campagne est enfin lancée. On verra bien comment on la récupérera. Et qui campagne dit plans com. Les staff tentent tant bien que mal de copier la stratégie de Barack Obama il y a cinq ans. Ce mercredi, Nicolas Sarkozy a inauguré sa timeline sur Facebook, un beau CV numérique où on y découvre ses principaux faits d'armes avec de nombreuses photos et vidéos. Une belle page qui présente l'avantage de ne pas accueillir de propos désobligeants à la différence de son ancien compte, sa "fan page" où ses partisans mais aussi ses détracteurs commentaient la moindre de ses interventions. Une timeline où on le  découvre au mieux de sa forme avec ses conseillers et ses proches. Mais où il a oublié certains détails moins glorieux comme le diner au Fouquet's, la venue de Kadhafi ou les malheurs d'Eric Woerth, le trésorier de la  campagne de 2002. Il y narre son histoire, son e-story. Des oublis vite réparés par Côme et Antoine,  deux acteurs à l'humour grinçant... Voici leur Sarko story...


Le président souhaitant investir le net, le chef de l'Etat s'est également créé un compte sur Twitter, distinct de celui de l'Elysée. Un franc succès. Au bout de deux messages, il se vantait d'avoir fédéré 48 000 followers en 12 heures. Un tiers du score de François Hollande qui assez actif sur la toile en affiche plus de 150 000. Petit hic : la revue PC Impact s'est aperçu que les chiffres avaient été légèrement trafiqués. La plupart des comptes de ces fans ne comportent ni photo, ni bio et n'ont jamais émis de messages. De fait, beaucoup ont été créé le jour même pour gonfler les statistiques. Un mauvais buzz pour l'ancien maire de Neuilly qui mise beaucoup sur le web pour refaire sur son retard dans les sondages et retrouver un second souffle. 


Avec tous ces nouveaux médias, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Surtout quand on est étranger. Pour mieux faire comprendre les subtilités de la cuisine électorale française à ses téléspectateurs, Jim Bitterman, le correspondant de CNN à Paris, s'est mis aux fourneaux. Plutôt cocasse. Le journaliste un brin toqué  a en effet tourné une vidéo très didactique et plein de malice où il fait une habile comparaison entre le scrutin d'avril et la préparation d'une quiche. Les élections présidentielles françaises expliquées par un grand pro de l'info, c'est tout de suite plus digeste. Une démonstration enlevée qui ne manque pas de sel.  D'autant plus qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Savoureux.

vendredi 10 février 2012

Tadaa, une application photo très smart... très smartphone


Tadaa est la dernière application photo pour smartphones. Une application très sympa pour prendre, retoucher et partager ses photos entre passionnés. Gratuite, cette innovation est un mix entre Instagram pour la prise de vue et Twitter pour la diffusion des clichés. N'importe qui peut désormais saisir un moment magique dans la rue avec son téléphone, mettre tout son cœur pour en donner une bonne image puis le partager avec des amis.



Inventée l'an dernier en Allemagne, par de jeunes créateurs de Hambourg, l'application est aujourd'hui utilisée dans plus de 90 pays. Leur crédo : aujourd'hui, les utilisateurs attendent plus qu'une belle photo. Ils apprécient de la diffuser dans la minute et en avoir des retours. Lancée petitement entre amis, Tadda est devenu un phénomène addictif en Allemagne. Pas un jours, sans que ses utilisateurs ne prennent une photo avec leurs téléphones et la postent en attendant impatiemment de voir si leurs proches aiment leurs instantanés. Jusqu'à présent les applications existantes comme Instagram ou Hipstamatic se focalisait surtout sur le travail de l'image avec touts une série d'outils pour donner une touche personnelle, vintage ou saturée aux prises de vues. Nikolas Schoppmeier et Friedemann Wachsmuth, les deux fondateurs allemands leur ont donné un second souffle en copiant  les plus grands réseaux sociaux. Les chasseurs d'images, amateurs ou professionnels, mettent en ligne leurs images et les utilisateurs peuvent à loisirs les complimenter, rebondir en demandant dans l'instant des explications voire récupérer leurs coups de cœur sur leur compte Twiter ou leur page Facebook. Les plus fans peuvent même créer leur blog photo avec la sélection de "leurs œuvres".




L'application a vite conquis les photographes qui aiment s'appliquer. Et la qualité des photos postées quotidiennement en atteste. Que cela soit par les sujets, les cadrages ou le travail sur les images, la majorité des contributeurs font preuve d'un sens artistique développé.
Mais si l'application plait aux artistes, elle est utilisable par tout un chacun via son i-phone. Rapide à charger, elle transforme votre téléphone en appareil photo numérique HD avec une fonction zoom mais aussi avec une batterie d'effets.


Le premier est le tilt shit, un système de retouche des photos qui floute les bords de vos images. Pour mettre en avant l'objet au centre ou du moins le point que vous souhaitez valoriser. Comme sur un boitier haut de gamme où les pros peuvent jouer sur une faible profondeur de champ et privilégier un élément. Un léger flou que l'on peut accentuer plus ou moins en touchant sur son clavier et que l'on peut déplacer en désignant une zone sur l'écran. Bien utilisé, il s'apparente à un effet miniature de plus en plus prisé notamment chez les spécialistes du paysage : les maisons, les gares, les routes se détachant de manière ultraprécise comme s'il s'agissait de petites maquettes.


Le second est un gadget qui agit sur la clarté ou le contraste des clichés, histoire de récupérer une photo sur exposée ou sous exposée ou souligner un élément pas assez apparent. Vous jugez que votre image n'est pas assez nettes, qu'à cela ne tienne. Passez votre doigt sur votre écran et hop voilà les contours soulignés, surlignés comme par magie.


Le troisième est une règle pour recadrer vos clichés. Un procédé classique mais qui permet d'enlever un premier plan peu heureux, un doigt qui traine en bordure d'écran, ou enlever une information qui parasite la contemplation de vos photos. Carré, rectangle, verticale, vous pouvez couper les parties qui vous déplaisent ou vous séduisent moins en zoomant sur certains détails ou en les supprimant du cadre.


Utile mais rien de très classique jusque là. Les nouveautés viennent des filtres qui transforment vos clichés  et leur donne une touche arty.  Tout un pannel de choix s'offre à vous. Vous pouvez poussez vos couleurs, les saturer ou les faire virer au pastel selon vos gouts. Vous pouvez les faire disparaître et jouer sur le noir et blanc, faire apparaître des halos irisés un peu-arc en-ciel, ou au contraire passer tout en négatif. Des gadgets ludiques pas forcément nécessaires si votre image d'origine est formidable mais qui peuvent donner  une âme à des photos parfois classiques ou sans fantaisie. Une touche pop proche des kodakhrome des années 70, un aspect rétro peu sépia si vous êtes plus fans des années 30, ou un air pop si vous aimez les pastels.



Et pour emballer le tout, libre à vous de les encadrer. Soit avec des cadres basiques noirs ou blanc pour faire ressortir l'ambiance, soit proche de l'imagerie de la bande dessinée. Bien des options sont à disposition. Certains préfèrent  des pourtours qui évoquent les planches contact, d'autres ne jurent que par l'apparence des pellicules pros d'antan avec des annotations en petites lettres... Peu de manipulations compliquées pour à l'arrivée obtenir un rendu parfois bluffant...


Ensuite, vous pouvez en fonction de vos désirs, indiquer le lieu de la prise de vue ou ajouter un commentaire... C'est une question de doigté. Vous bougez les doigts sur la face de votre smartphone et acadabra, comme par magie vous voyez instantanément, sans aucun temps de calcul, vos photos changer de format, changer de teintes, d'esprit, devenir des oeuvres d'art que vous êtes tout fier de montrer. Pas besoin d'appareil performant, de tirage de dingue, de logiciels perfectionnés. Vous flânez, une scène vous inspire, et hop, vous sortez votre téléphone de votre sac. En deux temps, trois mouvements, vous immortalisez ce tableau magique. Fini les prises de tête à calculer vos diaphragmes et votre vitesse, les heures passées dans une chambre noire, les bains chimiques, l'incertitude des temps de pose. L'écriture photo se démocratise. Sa culture aussi. Après rien ne remplacera le sens du cadre, le bon sens, le sens de l' à- propos et les sens. Bref tout ce qui fait qu'un cliché a du sens et procure une émotion... Car comme dit le haut adage, Tadaa c'est bien mais t'as d'abord à avoir l'oeil si tu souhaites être original et amusez les galeries en ligne...



Tadda s'enrichit de mois en mois, les deux Allemands proposent de nouvelles versions, de petites améliorations toutes les trois semaines. Pas à pas, pour ne pas brûler les étapes. Ecouter les avis des usagers et répondre à leurs attendes. Et le bouche-à-oreille fait le reste. La communauté s'agrandit. Le niveau monte. Pas mal d'artistes postent leur cliché pris sur le vif, certains allant même faire de cette application une vitrine. Alimentée chaque jour, leur galerie donne plein d'indications sur l'air du temps.


Belle innovation. Ce genre d'astuces qui brillent par leur simplicité ne peut que contribuer à élargir la culture photo, initier les jeunes aux contraintes et au vocabulaire de la prise de vue. Sans pro autant que les fabricants d'appareils y perdent. Au contraire, ce sont des passerelles vers l'achat de boîtiers plus performants en termes de capteurs.... L'intérêt : donner le goût, l'envie de pratiquer... De nouvelles générations de photographes voire de réalisateurs va apparaître grâce à la démocratisation des smartphones. A tel point que de nouveaux réflexes voient le jour.




Certes, les téléphones portables n'offrent pas la même qualité que les Canon, Sony ou Nikon prisés des pros. Les capteurs sont peu performants, les autofocus sont lents, bien souvent, sur les téléphones d'entrée de gamme ou de première génération, il n'y a pas de zoom. Et pourtant, l'engouement ne se dément pas. Les centaines de fans de Tadaa en témoignent. Peu importe les performances, en 2012, les photos se regardent autant sur les tout petits écrans de téléphone que sur papier. La beauté du cliché prend le pas sur la résolution. Même si en ce début d'année, la période est propice aux bonnes résolutions et Tadaa, via l' i-phone 4 S, fleurte avec les 8 millions de pixels, le plaisir n'est plus obligatoirement liée à la haute définition. Plus personne ne sort de loupe pour vérifier la netteté d'un cliché. Les nouvelles générations se satisfont avant tout du contenu des images. Ce dont on ne peut que se réjouir. Pas forcé d'investir 500, 1000 euros dans un appareil, la course aux pixels et aux capteurs est passée de mode...



Autre constat. Autant pendant des années, les conversations entre photographes aguerris revenaient inlassablement sur l'utilisation du zoom. Le monde était coupé entre ceux qui ne juraient que par les focales fixes et ceux qui kiffaient les zooms et appréciaient de ne pas porter des valises d'objectifs. Les premiers, tenants de la tradition, accusaient les seconds de céder à la facilité, de ne pas bouger et d'utiliser des zooms laissant rentrer peu de lumière. Un débat qui a duré des années entre écoles, entre puristes et progressistes. Un combat qui n'était pas sans rappeler la vaine lutte des Capulet et les Montaigu. Avec la généralisation des smatphones, le grand public, ignorant ces arguties, s'est habitué aux focales fixes... Et n'hésite pas à marcher, à se baisser, à se coucher, à grimper dans les étages ou les arbres pour trouver le meilleur angle. Personne n'y trouve à redire. L'imagination remplaçant l'accumulation des zooms. Alors que la focale fixe, plus contraignante, était en perte de vitesse, aujourd'hui elle est devenue la norme pour le plus grand nombre.



Autre tendance, le format carré tend à se répandre. Il y a peu, seuls quelques amateurs employaient les cadres carrés. Avec  Instagram, ou Hipstamatic, les deux applications ancêtres de Tadaa, des millions d'utilisateurs se sont mis à prendre des photos carrées, avec des pourtours blancs ou noirs carrés, comme dans les années 70. Le cadre Polaroïd est redevenu une référence. Tous les artistes en herbe dotés de téléphone se sont vu proposer le format 1 : 1 et  sans se poser de question, sans à priori, ils ont sauté dessus. Oubliant les affichages traditionnels des expositions, les clous et les murs des salons, les mises en page des magazines.
Les premiers pas de  photo créative ludique ont remis au goût du jour ce type de cadre. Et la raison en est toute simple. Les clichés peuvent ainsi être vus aussi bien en tenant le téléphone verticalement qu'horizontalement. Pas besoin de faire pivoter son écran. Un sociologue analyserait le phénomène en disant que les réseaux sociaux mettant en avant "le moi, je" et que du coup, les auto-portraits, "le moi jeu"se sont multipliés. Des photos prises à bout de bras qui se prêtent d'avantage au cadrage carré que les Marie-Louise rectangles. Les têtes sont désormais mises au carrées.



L'étude de Tadaa est riche d'enseignement car elle tend à trouver que la retouche n'est plus taboue. Elle est intégrée. Si dans les années 1990, les plupart des propriétaires d'appareils photos se contentaient d'appuyer sur un bouton et de porter leurs pellicules chez un tireur professionnel en croisant les doigts. Avec le smartphone, il devient smart de corriger et d'ajouter des ornementations à ses photos. Avant, il fallait un boitier, un ordinateur et une imprimante : trois investissements coûteux. Des objets "high tech" encombrants et pas toujours évident à manipuler sans apprentissage. Maintenant, "Monsieur et Madame  tout le monde" peuvent, sans dépenser, avec une simple application sur leur téléphone tout faire : shooter, trier, effacer, arranger, publier, partager... Et cela de façon intuitive. L'arme absolue existe et elle tient dans la poche du jean... Utilisable partout dans le train, la nature, dans les boites de nuit, sur un chantier, au bureau, au bord de la piscine et à tout moment de la journée.


Last but not least, toutes ces innovations qui sont apparues avec les premiers i-phones continuent à  changer nos comportements. Comme dit François Hollande, le changement, c'est maintenant. Et on s'en aperçoit pas toujours. Les écrans tactiles révolutionnent notre rapport à la photo. Avec un doigt, deux parfois, en touchant sur un bout de verre sensible, on déclenche, on retouche, on publie. Bien des innovations en découlent : faire un point précis sur un détail choisi devient un jeu d'enfant. Du bout de  l'index, choisir une zones à privilégier devient évident. On peut ajuster son cadre précisément à l'aide d' un seul balayage sur le curseur du zoom. De quoi faire réfléchir les fabricants d'appareils classiques qui sortent encore des boitiers dotés d'une foule de boutons et de molettes. On peut sans prendre de risques parier que les interfaces tactiles vont bientôt s'imposer. Surtout que l'aperçu du rendu est immédiat : on glisse le doigt vers la droite ou la gauche et en clin d'oeil,  le résultat de la fermeture du diaf s'affiche. Pas de déchets et nulle nécessité d'avoir suivi des cours avec un professeur pour comprendre les rapports entre lumière, vitesse, diaphragme  et profondeur de champ. On aime, on clique, on a un doute et on teste un autre réglage. Qui dit mieux. De nouveaux codes naissent, une nouvelle culture. On vit une époque formidable...