vendredi 23 mars 2012

"Ce que disent les Parisiens" : enfin, ce que j'en dit. Retour sur le phénomène des "Shit People say"




Tout le monde en parle. C'est la tendance de ce début d'année. Des formats courts, légers et bavards intitulés "Shit people say". Ces compilations de petites phrases toutes faites, de stéréotypes se sont répandues à la vitesse grand V depuis deux mois.
Le phénomène  s'est fait connaître en France le mois dernier avec une petite vidéo pleine d'humour lancée par "My little Paris", un blog, animé par une jeune femme branchée qui s'intéresse aux bonnes adresses mode, déco et gastro. Fany Péchiodat, sa fondatrice, a rassemblé toutes une série de clichés sur les habitants de la capitale, des expressions toutes faites typiques des bobos parisiens. Un petit exercice d'observation, d'auto dérision. Puis elle s'est mise en scène avec quelques amis, face caméra dans des lieux emblématiques pour se moquer de tous ces petits travers. Résultat, un petit clip de deux minutes qui a rencontré un très bel accueil sur la toile. Entre ceux qui se sont reconnus dans ces attitudes caricaturales, ceux qui rient du snobisme de ces personnages coupés de la réalité, près d'un million de personnes se sont délectés de ces petits sketchs.
Faut dire que les tics ainsi interprétés par les membres de l'équipe de ce site bien connu pour son esthétique soignée, ses aquarelles et ses billets intimistes sonnent justes. "L'hallu", "Mais c'est énorme", "La meuf qui m'en envoie une invitation en banlieue, trop relou","J'ai envie de vacances", "J'ai envie de tout plaquer","Je vais ouvrir des chambres d'hôtes dans le Périgord","Je me suis trouvé un petit maraicher bio, c'est du tonnerre","Je ne sais pas, moi je ne lis que Télérama", "c'est so 2010", "Le 20 ème, c'est le nouveau 12 ème", "Ok, à tchatchaochao".
Autant de gimmicks  tellement entendus, tellement rabâchés qu'ils ne veulent plus rien dire. Sauf qu'ils témoignent de la vie de personnes coupées du monde, de la nature, et qui tournent en vase clos, bourrés de préjugés et de clichés.




Pas loin d'un million de vues. Le buzz incroyable a immédiatement dopé la réputation du site "art de vivre". Et dans la foulée, ses créateurs ont enchainé avec une nouvelle vidéo virale sur les idiomes du monde du travail. La première n'avait pris que deux jours de tournage, et deux jours de montage, alors rebelote. L'équipe du site féminin est allé refrapper à la porte de la boite de production située juste en face de leurs locaux, sur le palier. Avec le désir de se moquer cette fois-ci du jargon des métiers de la communication. A la manière des "Inconnus" qui dans les années 1980 se bidonnaient des "je suis charrette déborded" utilisés par les créatifs de la pub. "Ce que disent les Parisiens au bureau..." rencontre le même succès.  "Je suis overbooked", "les sushis, j'en peux plus","Il a envoyé un mail à son n plus 3 sans mettre son n plus 1 en copie". Un petit tableau de la vie au bureau avec des employés qui passent leur temps à se protéger, à utiliser des anglicismes pour se faire mousser ou à s'occuper de leur petite personne plutôt que de bosser. Une petite satire de gens qui se lamentent sur eux-mêmes et qui se trouvent des alibis bidons pour se décharger d'un projet. Une galerie de portraits réaliste qui n'aurait pas déplu à La Bruyère. 


La mode était lancée. Dans la foulée de ces petits sketchs, les internautes ont découvert sur Youtube.com d'autres films tournés dans le même esprit et notamment une pépite plutôt bien réalisée par des jeunes assez doués : "Shit Parisians say". Une revue de stéréotypes . "Je n'entends pas, je suis dans le métro", "j'en ai marre, je m'achète un scoot.", "Je t'entends pas, je suis en kit main libre", "C'est juste pas possible", "Je suis allé à l'avant première", "Surfait", "Je sens qu'il y a une âme dans ce quartier, j'adore". Le petit plus de ces jeunes comédiens : des séquences sans parole où on les découvre en train de trépigner en attendant leur rame de métro ou de s'énerver sur un vélib qu'ils n'arrivent pas décrocher.
Autre tableau, encore plus caricatural, presque trop : "ce que disent les meufs", une revue d'attitudes observées chez les filles qui a fait un tabac lors de la Saint-Valentin. "Je vais prendre une salade", "Mais il est où mon portable", "Pourtant j'étais sûre que c'était à gauche".



Ces petits scenettes sont en fait des déclinaisons d'un concept apparu cet hiver outre-Atlantique avec une série de vidéos, les "Shit people say", des compilations de phrases récurrentes prononcées sans réfléchir dans certains univers ou dans certaines conditions. Les Français les ont découvertes grâce à des vidéos de French Fried TV lorsque les Américains se sont mis à tourner en dérision les petites habitudes des Français. Deux vidéos qui ont fait du bruit sur le net et qui ont suscité la curiosité de ceux qui voulaient savoir comment on était perçu aux Etats-Unis. Les acteurs reprennent les phrases qu'ils ont entendu dans les soirées parisiennes. A les regarder, on sent pas de vécu. Des répliques qui ne sont pas toujours très élégantes mais que nos amis ont été intégré au fil des "résoi". "A la tienne", "à la notre","Salut mon gros", "C'est la vie, mon ami", "c'est quoi que tu sniffes", "tu prends ton manteau et on s'en va." "Franchement, c'était mieux avant". Ces petites comédies imaginées par Robert Hoehn en disent long sur nous, (enfin comme dit le réalisateur Andrew Brooke "Ok! mostly Parisian") sur la vie des Américains de passage dans la capitale.



Aux States, tout a commencé avec les "Shit Girls say" des comédies en forme de blague qui ont fait le buzz et ont ensuite été reprises, détournées et étendues aux grosses, aux végétariens, aux afro-américains, aux mannequins. Et à bon nombre de situations improbables...Le premier épisode portait sur les  tics des filles dans les grandes villes américaines. "Tu t'y connais en ordinateur", "Je peux te demander une faveur". Avec des gymmicks made in USA  : "Shut up" joué comme il faut les yeux au ciel. Les dialogues de Kyle humphrey et Graydon Sheppard ont fait mouche et d'autres épisodes ont vu le jour.
 


D'autres numéros et comme très souvent des parodies. Le plus marrant est sans celui réalisé sur les moines. Des religieux qui ont la particularité de préférer le silence aux paroles. "Shit monks say", réalisé qu'avec des bruitages, des ronflements, des sifflements d'oiseau, des pets... A voir.





Toutes les tribus, toutes les communautés ont ainsi été l'objet de ces regards amusés. Les top modèles en ont ainsi pris pour leur grade. "No way". Depuis trois mois cela n'arrête pas. Tantôt de la part de professionnels de l'humour, tantôt d'amateurs qui ont envie de se défouler et de rire d'eux-mêmes. A tel point qu'aujourd'hui, il y a les versions officielles. 




Les "Shit people say" sont devenus une mode sur le web. Le meilleur côtoie le mauvais goût. 
Pas toujours facile à avaler, ps toujours digeste. Comme cette dernière sur la fellation. qui a de quoi vous mettre à genoux.. Comme quoi, le phénomène n'a plus de frontière et de tabous... Et il y a fort à parier qu'on en entendra pas mal 
parler dans l'Hexagone  durant les semaines à venir...









1 commentaire:

  1. La sphère politique n'a pas tardé à récupérer le phénomène.
    Surfant sur la vague de succès des « Ce que disent les Parisiens » lancés par My Little Paris, l'agence Cheek, spécialisée dans le référencement y est allée de sa petite vidéo virale. Avec un sujet choc, à l'approche des élections présidentielles et législatives : Nicolas Sarkozy. Difficile de savoir avec précision mais à l'écoute les louanges ne manquent pas. A tel point que l'on se demande si la vidéo n'est pas un brin partisane.

    http://www.dailymotion.com/video/xpxvoi_ce-que-disent-les-francais-sur-sarkozy_fun#from=embed

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