mercredi 24 décembre 2014

Joyeux Noël et bonne année 2015. Fini de faire l'épître, il est en temps d'entrer en Cène.



Une année s'achève, une autre commence.
Avec plein de rires et de sourires. D' aventures et de rencontres..
2014 aura été riche en découvertes et en surprises.
Culturelles avec un périple extraordinaire en Ouganda qui m' a permis de retrouver ma vraie nature. "Gare aux gorilles", m'avait-on dit. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces, j'ai pris un immense plaisir à observer chimpanzés et autres colobes collocs.  Sans oublier un super trip à Valdez en Alaska, où j'ai eu le bonheur de descendre les plus belles faces de la planète.  La dernière frontière, le rêve de tout skieur. Un souvenir inoubliable. Au pays des gros 4X4, j'ai rencontré des Américains sportifs qui, si je peux motoriser, ne prenaient pas leurs V6 pour des lanternes et qui étaient toujours partant pour dévaler des pentes gavées de poudreuse. Impossible de rester de glace devant de tels paysages. 

                        

Lyriques avec le magnifique récital Bartoli consacré aux compositeurs russes du XVIIIème siècle, la baroque star qui a cassé la baraque au Théâtre des Champs-Elysées.  Comme souvent avec elle, la magie opéra. Une générosité à la hauteur de son immense talent. Bienvenue dans le tsar système. 
Rock aussi avec un festival Solidays bien arrosé, avec plein de concerts géniaux jusqu'à point d'heures mais quand on M, on ne compte pas. Quand De la Soul est en scène, plus rien ne soule.
Joies sous-marines aussi, avec de jolies plongées pendant les vacances à un moment où tout le monde bulle. Le tuba de l'été. Une chouette expérience pour me remettre à flot avec des profs qui avaient de la bouteille et qui n'auraient pas fait tache sur le tableau  des palmes académiques. Je n'ai pas jeté l'éponge et je sais maintenant quel est le point commun entre un clown et Cousteau : ils ont tout deux un beau nez rouge. Désolé. On se fait l'abysse quand même ? 

                         

Délices gastronomiques également avec une dégustation qui ne manquait pas de sel, mixant cognac et caviar Petrossian, du poisson pas né d'une grande finesse, exquise fête au Palais. 
Télévisuelles avec une Coupe du monde en 8 K.  Un Mondial où on a vu des Brésiliens qui auraient du mouiller le maillot et qui l'ont malheureusement souillé. Emmenés par un leader qui aurait mérité un Cesar que dis-je un Oscar de la poisse, les coéquipiers de Thiago Silva ont été  balayés par une Lahm de fond. Ils ont trouvé porte Klose face à une équipe allemande déchainée. A tel point que leur capitaine est allé jusqu'à dire "J'en Neymar, je me tire". 
Après nous avoir mis l'eau à la bouche, en venant à bout de la Selecao, nos voisins d'outre-Rhin grisés par le Boateng sud américain ont vaincu en finale une belle bande de gauchos argentins qui leur avait cherché des Kroos. 

                        


A ce jeu, les Français ont fait mieux que participer, avec un très beau match face à des Helvètes remontés comme des coucous.  Ils disaient qu'ils nous Valais bien ; force est de constater qu'ils ont eu de petits problèmes d'Emmental. On a même parlé du trou de Bâle. 
Des satisfactions professionnelles avec de multiples aller-retours à Bruxelles pour préparer les élections européennes. Un train-train hebdomadaire entre flamands roses de plaisir et  wallons enfants de la patrie.  Certains m'avaient prédit la Thalystérie. Mais à l'arrivée, dans la capitale belge   peu de brèles au rendez-vous. Pas de prise de choux à Bruxelles. Bien contraire, je n'ai vu que des Namur. Ambiance Maneken peace and love. 


Des surprises politiques avec le retour de celui qu'on n'attendait plus à la tête de l'UMP, voilà que Sarkommence. Si sa femme manque de voix l'ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy lui en a eu beaucoup. 
Faut rester Lucide, comme l'écrivait Corneille. Mais force est de constater qu'en lieu et place du changement, on est en train de prendre Racine et que François Hollande, amicalement se vautre. 
2014, le temps des découvertes sportives avec la route du Rhum avec des skippers, partis sur les traces de l'héroïque Tabarly, prêts  à faire les marins même dans les pires conditions, sombres héros de la mer. Tous les chemins mènent au Rhum mais après tant de déferlantes, et de rhumes, effet mer bien entendu, ils ont bien mérité la brise à l'arrivée. Le spectacle des Océans,  assis sur son céans n'a rien d'amer. 

                            

Des plaisirs littéraires avec un Goncourt de circonstance. Un sacré Salvaire pour Fleur Pellerin qui a peu de temps pour lire et qui a du se mettre à la page. 228 pages. Faut pas pleurer, il y a pire que lire l'auteur des Belles Ames. Il y a eu le livre de Valérie Trierweiler qui a règlé ses comptes avec son amant infidèle et ses amis socialistes. Avec une phrase incroyable : "J'ai osé défier cette bande de coqs qui rêvait de pouvoir sans y être préparés". "Bande de coqs!. On sait aujourd'hui qu'en amour, le "q" peut se transformer en "n". Merci pour ce moment, merci pour ce "comment".
Mais l'année a été marquée par des retrouvailles familiales avec un passage éclair à Biarritz chez mon cousin, Edwin, qui m'a servi de pilote basque aux fêtes de Bayonne aux avirons de la fin juillet. Heureux et détendu, son paradis l'atteint. 

                          

Des moments de fous rires pour finir avec Nabilla, qui a subitement poignardé son amant. Un amoureux étonnant, une belle lame,  qui a eu cent doutes, trop de maux à penser. C'était  la première fois que deux pains de plastique rentraient en prison cette année. Elle voulait apparaître sympa, elle fera désormais les cent pas entre quatre murs. Murmures. Jean-Paul Gauthier l'avait pris pour muse, pas sûr que cela l'amuse encore. 
Des moments de saine indignation. Avec le lancement de la ZAD du Ciron. Une zone humide précieuse menacée par le projet de ligne TGV Bordeaux-Dax.  Le goût des vins liquoreux de Sauternes et de Barsac est lié à l'apparition à une brume matinale générée par les eaux froides du Ciron. C'est ce brouillard qui donne au jus de  raisin sa concentration en sucre et son arôme spécifique. Il en va de la survie du trentaine de grands crus classés. Une folie. Lors de son repérage, le gars des réseaux ferrés de France devait Ciron après le repas qu'il a confondu la carte IGN  et la carte des vins. Dans sa hâte, lia poussé le bouchon un peu trop loin. Manquant de bouteille,  il a été sur le coup aussi sot que terne. Heureusement, si on se mobilise à temps son projet tombera en carafe. Sachons raisin garder.

                                    

                                          

J'espère que l'an prochain on aura tous plein d'histoires à se raconter. D'émotions à partager. 
En fin d'année, le poète japonais en a parfois plein l'haïku. Mais rien ne nous empêche de balayer les horizons funèbres et nous projeter en rêvant de châteaux en Espagne. (Si c'est du bon Rioja ou un joli saint-Estèphe, il n' y a pas de mal… Si c'est un whisky irlandais, l'Eire de rien, cela peut même faire Dublin.)


Joyeux Noël. Si vous aimez faire l'épitre, c'est le moment rêvé pour entrer en Cène.  Meilleurs voeux à vous pour 2015. Bon réveillon. Vive les fous curieux ! Que votre volonté soit fête...
Toujours atteint de ma folie des grandes heures, et des télés féériques, je pars tutoyer les sommets avec mes poètes poètes, direction le Cervin,  l'Italie et la Suisse. Faut ski faut. La neige est là  : flocon en profite.
En attendant de m'envoler en février en Himalaya... Comme on dit "Indien vaut mieux que deux que tu l'auras", je prévois de caresser le Cachemire avec mes spatules. 


mardi 15 avril 2014

Le télémark, talons libres et talents fous



La Grave. 27 Mars 2014. Le sourire aux lèvres, Pierre Sellier s'engage le premier dans les Pans du rideau, un des itinéraires les plus réputés de La Grave. Un des plus délicats aussi. L'entrée est très étroite. 1 mètre 85, guère plus. Difficile de ne pas se coincer les skis. Il faut se tenir aux rochers. Ni une ni deux, il se faufile entre les pierres, tranquille. Puis s'élance dans la face qui fleurte avec les 50 %. Au dessous de lui, des barres rocheuses et 400 mètres de vide. La moindre erreur serait fatale. Un caillou mal placé. Les skis qui dérapent sur la glace. Pan ! Et c'est Rideau, une bonne fois pour toute.

Pierre Sellier tout sourire en télémark.
Concentré, il s'aide de temps en temps de son piolet. Et glisse, serein dans la pente. Passé la première traversée, où comme dit dans le coin, "il ne faut pas se la coller. Tu tombes, c'est la chute. La chute, c'est la tombe.", il envoie quelques virages bien appuyés au dessous du sommet du Rateau. La neige est dure. Presque glacée. Pas de quoi le faire douter. Ce n'est pas parce qu'il fait - 5°, qu'il est givré. Le rider est familier du lieu. Il aime ces ambiances haute montagne, où le regard embrasse des sommets plus abrupts les uns que les autres, où l'on entend juste le bruit des séracs qui craquent. Cette atmosphère sauvage en pleine nature, où les tous sens sont en alerte.

Avec piolet ou sans, faire sa trace dans traversée à l'entrée du Pan du Rideau demande une certaine concentration. Photo : Nicolas Baranger        
Rejoint par son complice Nicolas Baranger, il saute la crevasse qui barre la fin du passage le plus délicat et descend à toute vitesse en grandes courbes le long des séracs bleus. La poudreuse scintille, et lancé à pleine vitesse, il goûte la neige froide qui lui gicle au visage. Une course poursuite de quelques minutes dans un des plus beaux panoramas des Hautes-Alpes. "Ice is nice". Les deux skieurs dessinent de grands S sur le glacier n'hésitant pas à sauter au dessus de petites bosses.

Entre début novembre et début mai, Pierre Sellier a skié tous les week-ends de mai. Passion quand tu nous tient.                   

Heureux mais vigilants. Arrivé à proximité de la moraine, Nicolas déclenche une coulée et voit une masse de neige le rattraper de part et d'autre. Il manque de se faire happer un ski. Un coup de rein et le voilà qui accélère file sur la droite pour la laisser passer.

Nicolas Baranger. Que rien ne vient déranger à La Grave...                          
A fond les Vallons. Sans s'arrêter jusqu'au village, à part pour contempler furtivement leurs traces qui resteront pendant quelques jours les seules à orner ce versant magnifique de la Meije.

Nicolas Baranger en pleine poudreuse. La poignée rouge de l'Air Bag Snow Pulse à portée de main. Sécurité oblige...
Une belle descente comme ils en font presque tous les week-ends. Pierre Sellier et Nicolas Baranger figurent parmi les meilleurs télémarkeurs du moment. Ils descendent avec cette technique d'un autre âge, dans des couloirs raides que peu de sportifs se risqueraient à emprunter en skis. Le talon libre de toutes attaches, ils arrivent à faire tourner leurs planches en baissant leur centre de gravité et en descendant leur genou au niveau de la spatule à chaque virage. Au point d'être devenus des virtuoses de cette pratique très esthétique. 

Qu'importe les flocons.                     

Dès que les flocons tombent, on les retrouve en train d'arpenter les stations des Hautes-Alpes et de Haute-Savoie, facilement reconnaissables à leur style : fluides et rapides. Ils se jouent du relief, en s'enfonçant dans la poudreuse jusqu'à la taille et en se relevant de manière très aérienne la seconde d'après pour replonger dans la pente. Reconnaissables aussi à leurs rires et à leurs cris de joie très brésiliens, appris auprès de leur mentor, Didi Haase.

Nicolas Baranger laisse ses traces dans la montagne. Avant d'aller déguster une bonne polenta en Italie.
Pierre Sellier pratique le télémark depuis plus de dix ans. Cet Auvergnat, fou de l'Allier, s'est mis à cette discipline qui tire son nom de son lieu de naissance : le comté de Télémark situé au sud la Norvège par goût de la glisse. Le Monluçonnais se régale aussi bien en canyoning en parapente qu'en VTT. Et si cet excellent skieur a opté définitivement pour ce sport qui fait sensation aux Etats-unis et dans les pays nordiques, ce n'est pas une question de mode. "C'est uniquement par plaisir". Pour lui, "lorsqu'on fléchit la jambe intérieur pour tourner, on est plus bas qu'avec des fixations classiques. Les jours de poudreuse, on s'enfonce presque jusqu'à la taille au point d'être recouvert par la neige et de la sentir se coller sur le visage à chaque virage".

Le planté du bâton pour donner le rythme. Un peu comme des baguettes de tambour. 

Un plaisir très physique qui ne l'empêche pas de raison garder. Ingénieur à Annecy, il a une mémoire phénoménale en montagne. On l'emmène une fois dans un itinéraire, un an plus tard, il est capable de retrouver l'entrée et se souvenir des pièges, des points stratégiques pour fixer un rappel. Précis, prudent, il sait que la montagne, loin des sentiers battus, peut être dangereuse et ne badine pas sur la sécurité.

    Pierre Sellier. No feeling like standing on a mountain top !                             

Pédagogue, il a contaminé Nicolas Baranger pour former un duo chic et choc. Le fashion addict parisien, qui passe son temps dans les magasins de France et de Navarre, est devenu un adepte de la génuflexion à son contact. Skieur émérite, il n' a mis que quelques heures à s'habituer à cette discipline. Quatre jours plus tard, il dévalait dans les runs les plus costauds de Val D'Isère. Dix journées, il avait fait les plus belles voies du Chili.

Pierre Sellier dans la combe de la Vachette à Montgenèvre. Sous le soleil, exactement.  Avec ses Rossignol Soul 7. 

Aujourd'hui, il fait une fixation sur les meilleurs systèmes à plaques qui lui permettent de glisser mais aussi de monter. Rien n'est plus simple : des peaux de phoques, des crampons et c'est parti pour une randonnée. Une heure, deux, trois, le matériel solide et léger se prête à merveille aux marches d'approche et aux ascensions. Aussi souple que ses chaussures de télémark, ce fan de roller posait des 360° le pied délié en moins une semaine. 

Saut de Nicolas Baranger en face de la Meije, un formidable terrain de jeu pour les skieurs avides de grands espaces. 
Là où certains assurent, ce dandy cherche la plus belle ligne. Il est en train d'imposer un style moins classique à cette discipline née en 1868, à base de grands courbes et sauts. Même en pleine forêt où très rapide et vif sur ses appuis, il zigzague à fond. Dès que l'hiver approche, début novembre, le rider quitte sa ville de Vierzon et son département qui lui est Cher, pour chasser la poudreuse. Et c'est parti pour un "Berry good trip" de spots en spots. Ils se régalent de flocons et de flacons.

Nicolas Baranger profite de la neige laissée par les giboulées de mars. 
Soixante jours au compteur pour les deux complices en un hiver. Pas mal quand on travaille durant la semaine. Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Les compères se complètent en diable, Nicolas étant aussi extraverti et tête brulée que Pierre est calme et réfléchi. Equilibristes, ces télémarkeurs s'illustrent dans les pentes raides notamment du coté du téléféérique de La Grave, un domaine qu'ils chérissent et qu'ils ont découvert avec les guides de Snow Legend. Cherchant à découvrir de nouveaux itinéraires, communiant avec les éléments : le vent, la neige, le soleil. 

Le domaine de Montgenèvre à la frontière italienne propose de larges combes qui se terminent au milieu des mélèzes. 
Mais pour eux, la glisse n'est qu'un moyen pour vivre de belles émotions dans des paysages somptueux, rencontrer d'autres passionnés et partager des moments sympas. Bons vivants, ils se régalent de flocons et de flacons et ne boudent par leur joie face aux farces des cuisiniers.

A l'aise entre les mélèzes. Plutôt balaise, Pierre évite les falaises et déniche un bel itinéraire dans le brouillard. 
En anglais, télémark se dit "Free heel skiing", le ski talon libre. Talons libres et talents fous… Face à la pente, en fakie, c'est à dire en arrière, ils sont en train de laisser leurs traces un peu partout.  En Europe : en Autriche, en Italie, en Suisse l'hiver, en Amérique latine l'été, leur amour du freeride ne manque pas de terrains pour s'exprimer. Heureux sont ceux qui glissent et font de beaux voyages. Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière.

La glace, c'est classe. Nicolas Baranger et Pierre Sellier, les Ben et Jerry de La Grave. Pas de quoi rester de glace ! 

Keep energy for riding and smiling !!! 

Ne croyez pas qu'il s'agit de la chute de mon article. C'est la parfaite illustration d'une session masque et tuba, 

Marsh madness is over ! But all the pleasures of the winter are still there ! 

Nicolas Baranger en grandes courbes en Italie. 


Inspiration. Expiration. Flexion. Extension. Essayez chez vous  !!! Inspiration...


Et lancez-vous. Il faut être fléchi et réfléchi….

A chacun son spring break !!! Mais ici on est loin de la poudre aux yeux. 



Les Pans du Rideau, pour ceux qui veulent essayer. Il y a de quoi faire. Le plus dur c'est d'y monter. 

Les Pans du Rideau vu d'en face.  Mieux vaut ne pas prendre une pelle sous le Rateau.  Photo DR

A vous de trouver votre ligne. Le télémark beaucoup plus physique que le ski alpin va vous aider à la garder !!! 

Pierre Sellier ancien skieur fait aujourd'hui une fixation sur le télémark et sur la Meije..  
           

Nous, on a retrouvé la nôtre. Quelle sera votre option ? A vos télémarks, partez !!!

Sots ceux qui voudraient laisser leurs sceaux par de grands sauts dans les Pans. La sécurité prime. Photo : N. Baranger.


Pierre Sellier en action


Nicolas Baranger en action

Et pour ceux qui voudraient se rendre compte des sensations dans les Pans ou le couloir Y a quelques mètres. Ambiance.