vendredi 10 février 2012

Tadaa, une application photo très smart... très smartphone


Tadaa est la dernière application photo pour smartphones. Une application très sympa pour prendre, retoucher et partager ses photos entre passionnés. Gratuite, cette innovation est un mix entre Instagram pour la prise de vue et Twitter pour la diffusion des clichés. N'importe qui peut désormais saisir un moment magique dans la rue avec son téléphone, mettre tout son cœur pour en donner une bonne image puis le partager avec des amis.



Inventée l'an dernier en Allemagne, par de jeunes créateurs de Hambourg, l'application est aujourd'hui utilisée dans plus de 90 pays. Leur crédo : aujourd'hui, les utilisateurs attendent plus qu'une belle photo. Ils apprécient de la diffuser dans la minute et en avoir des retours. Lancée petitement entre amis, Tadda est devenu un phénomène addictif en Allemagne. Pas un jours, sans que ses utilisateurs ne prennent une photo avec leurs téléphones et la postent en attendant impatiemment de voir si leurs proches aiment leurs instantanés. Jusqu'à présent les applications existantes comme Instagram ou Hipstamatic se focalisait surtout sur le travail de l'image avec touts une série d'outils pour donner une touche personnelle, vintage ou saturée aux prises de vues. Nikolas Schoppmeier et Friedemann Wachsmuth, les deux fondateurs allemands leur ont donné un second souffle en copiant  les plus grands réseaux sociaux. Les chasseurs d'images, amateurs ou professionnels, mettent en ligne leurs images et les utilisateurs peuvent à loisirs les complimenter, rebondir en demandant dans l'instant des explications voire récupérer leurs coups de cœur sur leur compte Twiter ou leur page Facebook. Les plus fans peuvent même créer leur blog photo avec la sélection de "leurs œuvres".




L'application a vite conquis les photographes qui aiment s'appliquer. Et la qualité des photos postées quotidiennement en atteste. Que cela soit par les sujets, les cadrages ou le travail sur les images, la majorité des contributeurs font preuve d'un sens artistique développé.
Mais si l'application plait aux artistes, elle est utilisable par tout un chacun via son i-phone. Rapide à charger, elle transforme votre téléphone en appareil photo numérique HD avec une fonction zoom mais aussi avec une batterie d'effets.


Le premier est le tilt shit, un système de retouche des photos qui floute les bords de vos images. Pour mettre en avant l'objet au centre ou du moins le point que vous souhaitez valoriser. Comme sur un boitier haut de gamme où les pros peuvent jouer sur une faible profondeur de champ et privilégier un élément. Un léger flou que l'on peut accentuer plus ou moins en touchant sur son clavier et que l'on peut déplacer en désignant une zone sur l'écran. Bien utilisé, il s'apparente à un effet miniature de plus en plus prisé notamment chez les spécialistes du paysage : les maisons, les gares, les routes se détachant de manière ultraprécise comme s'il s'agissait de petites maquettes.


Le second est un gadget qui agit sur la clarté ou le contraste des clichés, histoire de récupérer une photo sur exposée ou sous exposée ou souligner un élément pas assez apparent. Vous jugez que votre image n'est pas assez nettes, qu'à cela ne tienne. Passez votre doigt sur votre écran et hop voilà les contours soulignés, surlignés comme par magie.


Le troisième est une règle pour recadrer vos clichés. Un procédé classique mais qui permet d'enlever un premier plan peu heureux, un doigt qui traine en bordure d'écran, ou enlever une information qui parasite la contemplation de vos photos. Carré, rectangle, verticale, vous pouvez couper les parties qui vous déplaisent ou vous séduisent moins en zoomant sur certains détails ou en les supprimant du cadre.


Utile mais rien de très classique jusque là. Les nouveautés viennent des filtres qui transforment vos clichés  et leur donne une touche arty.  Tout un pannel de choix s'offre à vous. Vous pouvez poussez vos couleurs, les saturer ou les faire virer au pastel selon vos gouts. Vous pouvez les faire disparaître et jouer sur le noir et blanc, faire apparaître des halos irisés un peu-arc en-ciel, ou au contraire passer tout en négatif. Des gadgets ludiques pas forcément nécessaires si votre image d'origine est formidable mais qui peuvent donner  une âme à des photos parfois classiques ou sans fantaisie. Une touche pop proche des kodakhrome des années 70, un aspect rétro peu sépia si vous êtes plus fans des années 30, ou un air pop si vous aimez les pastels.



Et pour emballer le tout, libre à vous de les encadrer. Soit avec des cadres basiques noirs ou blanc pour faire ressortir l'ambiance, soit proche de l'imagerie de la bande dessinée. Bien des options sont à disposition. Certains préfèrent  des pourtours qui évoquent les planches contact, d'autres ne jurent que par l'apparence des pellicules pros d'antan avec des annotations en petites lettres... Peu de manipulations compliquées pour à l'arrivée obtenir un rendu parfois bluffant...


Ensuite, vous pouvez en fonction de vos désirs, indiquer le lieu de la prise de vue ou ajouter un commentaire... C'est une question de doigté. Vous bougez les doigts sur la face de votre smartphone et acadabra, comme par magie vous voyez instantanément, sans aucun temps de calcul, vos photos changer de format, changer de teintes, d'esprit, devenir des oeuvres d'art que vous êtes tout fier de montrer. Pas besoin d'appareil performant, de tirage de dingue, de logiciels perfectionnés. Vous flânez, une scène vous inspire, et hop, vous sortez votre téléphone de votre sac. En deux temps, trois mouvements, vous immortalisez ce tableau magique. Fini les prises de tête à calculer vos diaphragmes et votre vitesse, les heures passées dans une chambre noire, les bains chimiques, l'incertitude des temps de pose. L'écriture photo se démocratise. Sa culture aussi. Après rien ne remplacera le sens du cadre, le bon sens, le sens de l' à- propos et les sens. Bref tout ce qui fait qu'un cliché a du sens et procure une émotion... Car comme dit le haut adage, Tadaa c'est bien mais t'as d'abord à avoir l'oeil si tu souhaites être original et amusez les galeries en ligne...



Tadda s'enrichit de mois en mois, les deux Allemands proposent de nouvelles versions, de petites améliorations toutes les trois semaines. Pas à pas, pour ne pas brûler les étapes. Ecouter les avis des usagers et répondre à leurs attendes. Et le bouche-à-oreille fait le reste. La communauté s'agrandit. Le niveau monte. Pas mal d'artistes postent leur cliché pris sur le vif, certains allant même faire de cette application une vitrine. Alimentée chaque jour, leur galerie donne plein d'indications sur l'air du temps.


Belle innovation. Ce genre d'astuces qui brillent par leur simplicité ne peut que contribuer à élargir la culture photo, initier les jeunes aux contraintes et au vocabulaire de la prise de vue. Sans pro autant que les fabricants d'appareils y perdent. Au contraire, ce sont des passerelles vers l'achat de boîtiers plus performants en termes de capteurs.... L'intérêt : donner le goût, l'envie de pratiquer... De nouvelles générations de photographes voire de réalisateurs va apparaître grâce à la démocratisation des smartphones. A tel point que de nouveaux réflexes voient le jour.




Certes, les téléphones portables n'offrent pas la même qualité que les Canon, Sony ou Nikon prisés des pros. Les capteurs sont peu performants, les autofocus sont lents, bien souvent, sur les téléphones d'entrée de gamme ou de première génération, il n'y a pas de zoom. Et pourtant, l'engouement ne se dément pas. Les centaines de fans de Tadaa en témoignent. Peu importe les performances, en 2012, les photos se regardent autant sur les tout petits écrans de téléphone que sur papier. La beauté du cliché prend le pas sur la résolution. Même si en ce début d'année, la période est propice aux bonnes résolutions et Tadaa, via l' i-phone 4 S, fleurte avec les 8 millions de pixels, le plaisir n'est plus obligatoirement liée à la haute définition. Plus personne ne sort de loupe pour vérifier la netteté d'un cliché. Les nouvelles générations se satisfont avant tout du contenu des images. Ce dont on ne peut que se réjouir. Pas forcé d'investir 500, 1000 euros dans un appareil, la course aux pixels et aux capteurs est passée de mode...



Autre constat. Autant pendant des années, les conversations entre photographes aguerris revenaient inlassablement sur l'utilisation du zoom. Le monde était coupé entre ceux qui ne juraient que par les focales fixes et ceux qui kiffaient les zooms et appréciaient de ne pas porter des valises d'objectifs. Les premiers, tenants de la tradition, accusaient les seconds de céder à la facilité, de ne pas bouger et d'utiliser des zooms laissant rentrer peu de lumière. Un débat qui a duré des années entre écoles, entre puristes et progressistes. Un combat qui n'était pas sans rappeler la vaine lutte des Capulet et les Montaigu. Avec la généralisation des smatphones, le grand public, ignorant ces arguties, s'est habitué aux focales fixes... Et n'hésite pas à marcher, à se baisser, à se coucher, à grimper dans les étages ou les arbres pour trouver le meilleur angle. Personne n'y trouve à redire. L'imagination remplaçant l'accumulation des zooms. Alors que la focale fixe, plus contraignante, était en perte de vitesse, aujourd'hui elle est devenue la norme pour le plus grand nombre.



Autre tendance, le format carré tend à se répandre. Il y a peu, seuls quelques amateurs employaient les cadres carrés. Avec  Instagram, ou Hipstamatic, les deux applications ancêtres de Tadaa, des millions d'utilisateurs se sont mis à prendre des photos carrées, avec des pourtours blancs ou noirs carrés, comme dans les années 70. Le cadre Polaroïd est redevenu une référence. Tous les artistes en herbe dotés de téléphone se sont vu proposer le format 1 : 1 et  sans se poser de question, sans à priori, ils ont sauté dessus. Oubliant les affichages traditionnels des expositions, les clous et les murs des salons, les mises en page des magazines.
Les premiers pas de  photo créative ludique ont remis au goût du jour ce type de cadre. Et la raison en est toute simple. Les clichés peuvent ainsi être vus aussi bien en tenant le téléphone verticalement qu'horizontalement. Pas besoin de faire pivoter son écran. Un sociologue analyserait le phénomène en disant que les réseaux sociaux mettant en avant "le moi, je" et que du coup, les auto-portraits, "le moi jeu"se sont multipliés. Des photos prises à bout de bras qui se prêtent d'avantage au cadrage carré que les Marie-Louise rectangles. Les têtes sont désormais mises au carrées.



L'étude de Tadaa est riche d'enseignement car elle tend à trouver que la retouche n'est plus taboue. Elle est intégrée. Si dans les années 1990, les plupart des propriétaires d'appareils photos se contentaient d'appuyer sur un bouton et de porter leurs pellicules chez un tireur professionnel en croisant les doigts. Avec le smartphone, il devient smart de corriger et d'ajouter des ornementations à ses photos. Avant, il fallait un boitier, un ordinateur et une imprimante : trois investissements coûteux. Des objets "high tech" encombrants et pas toujours évident à manipuler sans apprentissage. Maintenant, "Monsieur et Madame  tout le monde" peuvent, sans dépenser, avec une simple application sur leur téléphone tout faire : shooter, trier, effacer, arranger, publier, partager... Et cela de façon intuitive. L'arme absolue existe et elle tient dans la poche du jean... Utilisable partout dans le train, la nature, dans les boites de nuit, sur un chantier, au bureau, au bord de la piscine et à tout moment de la journée.


Last but not least, toutes ces innovations qui sont apparues avec les premiers i-phones continuent à  changer nos comportements. Comme dit François Hollande, le changement, c'est maintenant. Et on s'en aperçoit pas toujours. Les écrans tactiles révolutionnent notre rapport à la photo. Avec un doigt, deux parfois, en touchant sur un bout de verre sensible, on déclenche, on retouche, on publie. Bien des innovations en découlent : faire un point précis sur un détail choisi devient un jeu d'enfant. Du bout de  l'index, choisir une zones à privilégier devient évident. On peut ajuster son cadre précisément à l'aide d' un seul balayage sur le curseur du zoom. De quoi faire réfléchir les fabricants d'appareils classiques qui sortent encore des boitiers dotés d'une foule de boutons et de molettes. On peut sans prendre de risques parier que les interfaces tactiles vont bientôt s'imposer. Surtout que l'aperçu du rendu est immédiat : on glisse le doigt vers la droite ou la gauche et en clin d'oeil,  le résultat de la fermeture du diaf s'affiche. Pas de déchets et nulle nécessité d'avoir suivi des cours avec un professeur pour comprendre les rapports entre lumière, vitesse, diaphragme  et profondeur de champ. On aime, on clique, on a un doute et on teste un autre réglage. Qui dit mieux. De nouveaux codes naissent, une nouvelle culture. On vit une époque formidable... 

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